A
l'occasion du dixième anniversaire de la mort de Jean
Marais, le Musée de Montmartre
consacre, fort légitimement, à celui qui fut son
voisin, l'intégralité de ses salles pour l'exposition
"Jean Marais - L'éternel
retour" parrainée par Francis Huster.
A ne pas douter, à la visite de cette exposition abondante
et généreuse, les commissaires de l'exposition,
Romain Leray auteur d'un ouvrage éponyme
sur Jean Marais, collectionneur et spécialiste du costume
de cinéma, et Raphaëlle Martin-Pigalle,
conservateur du Musée de Montmartre, sont passionnés
par le sujet.
Ils ont certainement dû se faire violence pour garder
une sélection d'objets et documents permettant de synthétiser
plus de cinquante ans de carrière.
En
effet, cette exposition revêt le caractère d'une
rétrospective qui, sous forme d'un parcours thématique,
traverse le 20ème siècle et évoque également,
de manière collatérale, des personnalités
d'exception de Coco Chanel à Jean Cocteau.
La scénographie fraîche et sans artifice correspond
à la nature même de l'homme qui a pu vivre dans
un univers préservé.
Le titre de l'exposition, par jolie résonance avec le
film de Jean Delannoy, fait référence aux avatars
artistiques successifs de Jean Marais qui, quasiment à
chaque décennie, tel un phenix, se régénère.
Jean Marais, l'éternelle jeunesse
De
l'éphèbe à la beauté sculpturale
au magnifique lion vieillissant à la superbe crinière
blanche, Jean Marais est une figure solaire, judicieusement
iconifié en Prospero par Pierre et Gilles, son dernier
rôle au théâtre, qui disait, en avouant l'insolence
de sa destinée, "Je conserve une âme d'enfant,
je passe ma vie à m'amuser".
Epris d'art, celui qui se portraiturait en 1935 comme un "Daphnis
sans Chloé", métaphore visionnaire à
peine voilée du jeune éromène du dieu Pan,
rencontre, deux ans plus tard de Jean Cocteau.
Un
mentor exceptionnel, toujours présent même en filigrane,
qui exacerbe ses goûts artistiques, développe son
insatiable curiosité insatiable pour arts plastiques
et constitue une influence majeure particulièrement patente
dans son trait.
Jean Marais a navigué dans tous les registres, du cinéma
au théâtre, de la peinture à la sculpture
en terre cuite et exploré toutes les disciplines.
Le visiteur pourra notamment découvrir des aspects moins
connus de ses activités artistiques comme l'écriture
et l'illustration de contes pour enfants, la création
de décors et costumes pour le théâtre et
d'une ligne de prêt-à-porter pour homme d'une modernité
étonnante.
L'exposition
fait bien évidemment la part belle au monstre sacré,
doublé d'un acteur très populaire, qui enflamma
le 7ème art, amant romantique puis héros de film
de cape et d'épée à qui il donna ses lettres
de noblesse.
Une salle est spécialement dédiée au film
mythique "La Belle et la Bête" avec, entre autres,
le masque de la Bête reconstitué à l'identique,
le carnet de tournage, les superbes affiches lithographiques
de Jean-Denis Malcles et des photos du films colorisées
aux pochoirs.
La
salle consacrée au cinéma regorge de documents
afférents à des films emblématiques tels
"L'éternel retour", "L'aigle à
deux têtes" ou "La princesse de Clèves"
qui ravira les cinéphiles.
De très nombreuses affiches et documents originaux scandent
son parcours théâtral tant à la Comédie-Française
que dans le théâtre privé, comme comédien,
metteur en scène ou directeur artistique du Théâtre
des Bouffes Parisiens.
Point de départ ou point d'orgue d'une visite de la
Butte, le Musée de Montmartre devient pour quelques mois
le petit théâtre d'une belle vie. |