Pari réussi pour Alain Corneau qui réussit une fidèle
adaptation du petit chef d'oeuvre d'humour et d'intelligence qu'est
le roman "Stupeur
et tremblements" d'Amélie Nothomb.
La mise en scène simple et efficace sait rester discrète
pour la mise en images d'un roman dont l'adaptation présentaient
3 écueils de taille : la forme narrative autobiographique
(le roman est un récit à la première personne
impliquant une vision subjective et souvent introspective, avec
par exemple la périlleuse matérialisation de la défenestration
salvatrice), le déroulement de l'histoire dans un environnement
ethnique peu enclin à la démonstration des émotions
et des sentiments (la vie de bureau dans une multinationale japonaise)
et l'incarnation du personnage principal à la personnalité
singulière Amélie Nothomb.
Alain Corneau a su lever ces obstacles notamment en confiant le
rôle prinicipal à Sylvie Testud qui interprête
à merveille une Amélie-san à la fois candide
et ironique, fragile et rebelle, pleine d'humour et d'autodérision.
Sur les Variations Golderg de Bach, qui accompagnent tout le film
à l'exception d'un extrait de la très belle bande
son de Furyo due à Ryiuchi Kakamoto, Amélie fascinée
par le Japon idéalisé de sa toute jeune enfance, et
métaphoriquement représentée par la beauté
parfaite de sa supérieure hiérarchique, Melle Fubuki
Mori, recrutée comme interprête entreprend sans le
savoir un parcours quasi initiatique qui, de serveuse de café
à nettoyeuse de chiottes, l'entraînera à descendre
l'échelle socio-professionnelle jusqu'au summum de l'humiliation,
épreuve qu'elle surmontera avec dignité car il est
un temps où il faut comprendre que les souvenirs d'enfance
appartiennent à un passé révolu.
Sylvie Testud excelle dans les scènes qui paraissaient les
moins cinématographiques et qui se révèlent
hilarantes telles le tournage des pages de calendrier où
le changement de mois prend l'allure d'un sacrifice de samouraï
ou la tétanie provoquée par la calculette maudite
et l'expressivité de son visage sait traduire d'un palpitement
les émotions de la plume d’Amélie Nothomb.
A voir donc même par ceux qui n'ont pas lu le roman…encore
que, pour ces derniers, il n'est pas encore trop tard pour ce faire.
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