Spectacle
écrit et joué par Isabeau de R
avec la complicité artistique de Nicolas
Hirgair et Marc de Forsan
"Je te félicite ma chérie.
A aucun moment tu n'as été vulgaire" lui
a dit Madame sa mère après avoir vu son spectacle
"Tenue correcte exigée".
Le ton est donné!
Un prénom qui, de prime abord circonscrit, le territoire
d'exaction de la jeune dame qui annonce tout de go sa démarche
"torpiller le socialement correct". Evident qu'on va rôder
davantage du côté de Neuilly que du 9-3 ! Exit la mise
en scène facile des drames sociaux et des jeunes des banlieues.
Fine, drôle, intelligente, ironique et un brin déjantée,
Isabeau de R rejoint le clan des one'swoman qui égratigne
ce qu'elles connaissent le mieux : elle-même et leur environnement
culturo-socio-professionnel. Bonne naissance, bonne éducation
et bon ex-job, elle peint avec une distance raisonnable et une bonne
dose de causticité l'étrange tribu des bécébégés
et des bobos contemporains qu’elle explore à la manière
d’une hilarante ethnologue.
Une entrée en scène glamour sur fond de fumée
et de tube de discothèque, longs bras sensuels et jambes
fetish gainées de résille noire et chaussées
d'escarpins à hauts talons pointus, le spectateur (masculin)
rit jaune, espérant encore quelque grivoiserie en contrepied
au titre annoncé alors qu'entre une bcbg en jupe et gilet
noirs très stricts qui laisse présager que tout est
histoire d'attitude mentale.
En une heure, tout en prenant le temps de bien investir chaque
personnage, elle va camper quelques magnifiques portraits de nos
contemporaines. En deux traits, sans aucun accessoire, que son visage
mobile et son verbe ironique, le geste précis, la pose évocatrice,
elle incarne avec autant de crédibilité la business
workwoman que la standardiste no soucy, la yuppie que la secrétaire
à l'ouest et sait mettre en évidence les mécanismes
du jeu social entre hommes et femmes, patrons et employés,
et entre amis-relations.
Impossible de ne pas penser à Martin
Veyron bédéiste de talent, à la mode
dans les années 80, qui savait si bien se moquer des cadres
en costume et des jeunes femmes libérées (lire par
exemple Executive Woman) et les croquer en une seule case et deux
phylactères.
Une petite heure de régal qui donne envie d'en savoir et
d'en voir plus! |