En pendant à l'exposition "Le futurisme à
Paris : une avant-garde explosive" du Centre Pompidou,
est proposée au Musée Maillol
l'exposition "L'avant-garde russe
dans la collection Costakis".
En effet, le Musée Maillol ouvre ses salles à
l'avant-garde picturale russe, méconnue au delà
du cubo-futurisme et du constructivisme, telle qu'elle peut
être appréhendée à partir d'une collection
exceptionnelle.
Cette collection a été constituée par
Georges Costakis, collectionneur privé autodidacte mu
par une démarche quasi documentaire, qui a acquis un
nombre impressionnant d'oeuvres du début du 20ème
siècle censurées par le gouvernement soviétique.
Les
commissaires Maria Tsantsanoglou,
directrice du Musée national d’art contemporain
de Thessalonique, qui détient l'intégralité
de la collection que Georges Costakis a pu rapatrier de Russie,
l'autre partie étant détenue par la Tretyakov
Gallery de Moscou, et Yves Kobry,
critique d'art, ont effectué une sélection remarquable
de peintures, aquarelles, gouaches et dessins qui sont présentés
pour la première fois en France.
L'accrochage n'a d'autre ambition, mais ce n'est pas la moindre,
que la monstration d'un mouvement artistique protéiforme
et d'une nouveauté radicale qui avait pour projet de
révolutionner l'art et la société.
Une avant-garde plurielle
Au début du 20ème siècle, la Russie artistique
connaît une véritable révolution esthétique
pour rompre avec des siècles d'académisme avec
la fougue et l'enthousiasme de créer un art nouveau.
L'avant-garde
russe, qui naît avec le néo-primitivisme et le
cubofuturisme, variante synthétique du cubisme et du
futurisme d'importation européenne, et qui constituera
le socle fondateur de l'art abstrait, ne se limite pas au constructivisme.
A partir de la négation de l'objet, seules les formes,
les lignes et les couleurs peuvent exprimer l'art, elle regroupe
des explorations diverses qui annoncent les grands mouvements
de l'art moderne et contemporain de l'abstraction géométrique
à l'expressionnisme abstrait, de l'art informel au minimalisme.
Un
des plus forts courants sera le suprématisme initié
par Kasimir Malevitch, dont la toile "Robots" a été
retenue pour l'affiche de l'exposition, et radicalisé
par Vladimir Tatline et Alexandre Rodtchenko avec le constructivisme.
Si le visiteur reconnaîtra les oeuvres de ces acteurs
emblématiques, il pourra découvrir les oeuvres
de près d'une quarantaine d'artistes représentant
cette création artistique foisonnante malgré le
diktat politique qui imposait en Russie une culture officielle
et prônait un art étatique.
Parmi
elles, les compositions cosmiques de Ivan
Koudriachov, l'électrorganisme de Clément
Redko, le projectionnisme de Salomon
Nikritine et celles de nombreux représentants
du suprématisme dont Lioubov Popova.
Ce panorama pictural de l'art moderne venu du froid est enthousiasmant
par sa richesse, sa diversité, son engagement humaniste
et son caractère indiscutablement précurseur.
Donc une exposition incontournable qui entraîne "vers
de nouveaux rivages". |