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Théâtre de la Ville  (Paris)  février 2009

Opéra chorégraphique conçu et réalisé par Maguy Marin et Denis Mariotte, avec Ulises Alvarez, Yoann Bourgeois, Jordi Gali, Peggy Grelat Dupont, Sandra Iché, Matthieu Perpoint, Cathy Polo, Yasmine Youcef, Jeanne Vallauri, Vania Vaneau et Vincent Weber.

La danse contemporaine a en commun avec la peinture contemporaine de demander une forte implication de celui qui la regarde. C’est au spectateur de projeter sur l’œuvre son ressenti, en fonction de son expérience propre, de ses connaissances, pour tenter d’en extraire une interprétation.

Un autre point commun à ces deux disciplines artistiques est d’y croiser fréquemment des œuvres radicales et provocatrices.

Maguy Marin est une des chorégraphes importantes de la Nouvelle Danse Française. Elle a la réputation d’être une chorégraphe très libre dont les créations ne laissent pas indifférent. La représentation de sa nouvelle création "Turba" a montré qu’elle ne dérogeait toujours pas à cette règle.

Lorsque le public entre dans la salle, il découvre une scène dont le plateau n’est plus visible, masqué par des plaques rectangulaires métalliques à hauteur de cuisse et par un dispositif de fontaine sur le devant de la scène. Les onze interprètes sont déjà présents, assis en fond de scène au milieu d’un capharnaüm d’accessoires, de costumes, de tissus, de branches d’arbres….

Lucrèce, poète romain du Ier siècle av. JC, dans le texte "De Rerum Natura" ("De la nature des choses") qui est à l’origine de cette œuvre chorégraphique, enseigne aux hommes que le bonheur réside dans le détachement et que l’univers est régi par des règles immuables. Dans un premier temps, l’illustration en est que les interprètes se faufilent, très lentement, entre les plaques métalliques, portant des costumes de différentes époques et déclamant le texte tantôt en latin, en espagnol, en anglais, en français, en allemand…

Et les interprètes de continuer à déclamer tout au long de la pièce, les mouvements toujours lents, les corps de plus en plus masqués par les accessoires, les tissus, les branches, la fumée… Le plateau s’assombrit de plus en plus au fur et à mesure que la représentation se déroule.

Même si parfois les tableaux réalisés avec la multitude d’accessoires sur la scène pouvaient dégager une étrange poésie plastique, le grand absent de ce spectacle de danse était le corps, de plus en plus dissimulé, grimé, voire de plus en plus inexistant. Même la voix, dernière preuve physique de la présence des interprètes, se faisait de plus en plus difficilement audible sous des bruits et des sons perçants et agressifs.

La réaction du public était en retour très physique : toux, raclements de gorge, puis rires, applaudissements hors de propos, départs, claquement des fauteuils et des portes de la salle… A mesure que le spectacle s’enfonçait dans une forme d’angoisse, le public réagissait de manière de plus en plus vive.

Face à ce qu’il a dû ressentir comme le paroxysme de l’agression de l’œuvre de Maguy Marin, un spectateur a fini par monter sur scène pour effectuer trois pas de danse ridicules. En réponse aux corps de danseurs qui avaient disparu et n’avaient, quant à eux, exécuté que des mouvements de marche, limités par la difficulté à se faufiler entre les plaques à hauteur de cuisse qui encombraient le plateau, ce spectateur a exprimé physiquement son mécontentement sur la scène.

La sécurité est alors intervenue pour faire sortir le perturbateur (dont le public ne savait pas si l’intervention faisait partie du spectacle ou non), les lumières se sont rallumées, Maguy Marin est descendue, furieuse. Face à une salle déboussolée, surprise, amusée, soulagée par cette issue inattendue de l’état d’angoisse dans lequel elle se sentait plongée, les paroles de la chorégraphe ont été : "Laissez-nous travailler ! … Que ceux qui ne peuvent supporter cette œuvre quitte la salle !... ".

Cette demande a été entendue par une forte proportion du public, les autres applaudissant Maguy Marin et ses interprètes restés sur scène (eux, aussi perdus que le public par la tournure que prenaient les évènements).

Après cinq minutes de flottement, la chorégraphie a pu reprendre pour finalement s’orienter vers des scènes plus calmes, plus sereines, sur un plateau un peu plus aéré, mais dans lesquels les corps continuaient surtout à exister par le jeu des miroirs et la projection vidéo.

A la sortie, une spectatrice a demandé à l’une des ouvreuses : "Mais c’était tous les soirs ainsi ?". C’était la 5ème et dernière représentation au Théâtre de la Ville, a priori ce fut aussi la plus mouvementée.

En conclusion, l’œuvre de Maguy Marin reste dérangeante, et donc intéressante, même pour un public qui s’attendait pourtant à être surpris.

 

Laurent Coudol         
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