Comédie
darmatique de Howard Barker, mise en scène de Agathe
Alexis, avec Agathe Alexis, François Frapier, Jaime Flor
et Michel Ouimet.
Pourfendeur des mythes et légendes qu'il surexpose à
la lumière de son théâtre de la catastrophe,
Howard Barker inspire les metteurs
en scène et s'affiche résolument à Paris.
Après la tragédie classico-baroque de "Gertrude
(Le Cri)" vue par Giorgio Barberio Corsetti et la
tragi-comédie pop de "Le Cas
Blanche-Neige" de Frédéric Maragnani,
Agathe Alexis met en scène
"Loth et son dieu"
dans un univers de futur présent à la Bilal.
Contrairement au personnage biblique qui, dans ce chapitre
de la Genèse, est un homme juste et pieux craignant le
châtiment de Dieu qui veut détruire Sodome, Loth
est ici un homme érudit et libre penseur, soumis une
passion extatique éprouvée pour sa femme, qui
ne cède pas à la panique de la destruction annoncée
de l'humanité.
Il refuse de céder aux injonctions divines martelées
par un ange qui n'a rien de séraphique tout comme son
épouse qui va lutter avec ce dernier dans une danse de
pouvoir et de haine qui démystifie le déterminisme
religieux.
Dans une scénographie d'anté-apocalypse signé
Christian Boulicault, la lecture du
texte par Agathe Alexis met l'accent sur la perversité
de l'amour et en exergue les relations complexes de domination
à l'intérieur du couple, qui évoque celui
des Robbe-Grillet, et sa mise en scène très maîtrisée
ne lève pas tout à fait le voile sur l'énigme
qui sous tend le texte de Barker.
Elle est également sur scène, envoûtante
dans le rôle de la femme infidèle et dominatrice,
entourée de Michel Ouimet,
très juste en homme consumé, et François
Frapier, époustouflant en ange exterminateur pas
très propre sur lui.
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