Après
avoir régalé le public avec les pastiches culinaires
de "La soupe de Kafka",
Mark Crick, tout en restant dans l'univers
domestique, poursuit son tour du monde culturel sans pour autant
remettre le couvert car ses nouvelles investigations stylistiques
se déroulent dans le domaine du bricolage érigé
en dispensateur de plaisirs nouveaux et insoupçonnés,
avec la fine fleur de la littérature mondiale.
Cela donne "La baignoire de Goethe", tout simplement
sous-titrée "Bricoler avec les grands écrivains",
sous forme de quatorze techniques parfaitement documentées
et véridiques bien plus éloquentes que les fiches-conseil
de Castorama.
Joindre l'utile au culturel est une gageure qu'il relève
avec brio et un humour jubilatoire.
Samuel Beckett chantre de du minimalsime vous propose de débloquer
un tiroir, certes en 3 actes mais tout en attendant Godot.
Si vous envisagez d'entreprendre des travaux de plus grande
ampleur notamment en aménageant des combles, parqueter
un grenier avec Edgar Allan Poe prend bien évidemment
une tournure d'histoire extraordinaire.
Le rayon plomberie se taille la part du lion et il est logique
d'attribuer le "SOS plomberie évier bouché"
à l'auteur de "Les mains sales" et de "La
nausée". L'aventure de Goethe aux prises avec un
pistolet à silicone pour étanchéiser sa
baignoire qui l'amènera à flotter dans une mer
de sérénité est des plus poétiques.
Dans ce créneau, la palme revient à la fuite
de robinet transcendée par Marguerite Duras qui confirme
ainsi l'attraction sexuelle attachée à cette catégorie
socio-professionnelle. C'est un régal.
Pour finir dans le domaine des plaisirs de la chair, qui à
part des pervers polymorphes pourraient raisonnablement présumer
du pouvoir érotique du pinceau et du pot de peinture
? Et bien la délicieuse Anaïs Nin dont la plume
ne manque pas d'atouts pour convertir le partenaire le plus
rétif.
C'est d'ailleurs sur ce chapitre que se clôt ce petit
bijou avec entre temps des pages mémorables sur le jardinage
gonzo inspiré par Hunther S. Thompson. |