Tragédie
mexicaine d'après le roman de B. Traven, mise en scène
de Adel Hakim, avec Maryse Aubert.
Adel Hakim, metteur en scène
particulièrement à l'aise dans la direction de
spectacles choraux, change d'exercice en l'occurrence pour mettre
en espace et diriger Maryse Aubert dans un exercice solo.
Tenue de maître de cérémonie de cabaret,
tour à tour meneuse de revue à la Liza Minelli,
Monsieur Loyal et magicienne, Maryse Aubert
raconte une histoire d'hommes et d'argent dont la trame émane
de la plume d'un auteur énigmatique et relativement méconnu,
B. Traven, et dont l'enjeu est "La
Rosa Blanca" une petite hacienda située au
fin fond du Mexique.
Dans le Mexique des années 20, qui sort exsangue de
la guerre civile et concède ses terres pétrolifères
au menaçant voisin américain, un indien propriétaire
d'un lopin de terre s'oppose bravement avec pour toute arme
son bon sens, sa foi et sa fidélité aux ancêtres
à l'OPA virulente d'une firme pétrolière.
Dans une scénographie originale et inventives et des
lumières travaillées de Yves Collet, et un habillage
musical judicieux, Adel Hakim a choisi de traiter la narration
théâtralisée de cette histoire-parabole
qui, de plus, braque le projecteur sur les intestines relations
mexico-américaines, sur le mode cinétique du film
noir.
Il faut reconnaître que le récit comporte tous
les ingrédients d'un romain noir à la Chester
Himes ou à la Dashiell Hammett- prohibition, magnat du
pétrole, belles vamps galmour, avocats véreux,
intrigant intermédiaire allemand, mexicains corrompus
et indien idéaliste - et il est d'ailleurs étonnant
que Hollywood ne se soit pas encore emparé de cette trame
épique.
Comédienne aguerrie, Maryse Aubert joue également
tous les rôles pour émailler le récit de
dialogues qui l'éclairent et donnent chair au spectacle.
Ainsi, elle dessine bien la confrontation des univers fondamentalement
différents, dont le dieu dollar sera l'arbitre, et ménage
le suspense d'une défaite inéluctable. |