Comédie
dramatique de Ronald Harwood, mise en scène de Laurent
Terzieff, avec Laurent Terzieff, Claude Aufaure, Michèle
Simonnet, Philippe Laudenbach, Jacques Marchand, Nicolle Vassel
et Emilie Chevrillon.
Après le succès de "Hughie", l'excellentissime
tandem Laurent Terzieff - Claude Aufaure, unis par un long compagnonnage
théâtral, revient sur scène avec une pièce
tendre et décapante de Ronald Harwood qui aborde l'envers
du décor de l'art théâtral à la manière
de la Comédie humaine de Balzac.
"L'habilleur" traite
de la vie de ces troupes itinérantes héritières
des troupes du 17ème siècle qui sillonnaient la
campagne, à travers la dernière halte d'une troupe
anglaise.
Le comédien et directeur de cette troupe, le Maître
qui vient de perdre un peu la boule, dirige une troupe "shakespearienne",
constituée de bric et de broc, une starlette qui a les
dents longues et la cuisse légère (Emilie
Chevrillon délicieuse), son épouse par
la main gauche (Nicolle Vassel touchante),
deux vieux acteurs sur le retour (Philippe
Laudenbach et Jacques Marchandet
désopilants), une régisseuse énamourée
(Michèle Simonnet parfaite),
qui joue sous les bombardements en pleine seconde guerre mondiale.
Et puis un habilleur qui est le factotum du maître.
Tout ce petit monde embarqué sur la même galère
qui s'appelle la foi dans le théâtre qui est devenu
leur raison de vivre, qui leur colle à la peau comme
un masque, même si les hommes ne sont exempts des mesquineries
de la vie. Splendeurs et misères des saltimbanques...
Que dire de Laurent Terzieff, physique émacié
à la Egon Schiele aux grande mains décharnées,
sur sa foi fiévreuse en l'acte théâtral,
sur son métier et sur sa direction d'acteur qui n'ait
déjà été dit.
Il incarne ici un vieil acteur cabotin, éternel enfant
narcissique doublé d'un despote colérique qui
a sans cesse besoin d'être rassuré, miroir mon
beau miroir, miroir que lui tend son habilleur par sa présence
même. Un habilleur à la fois pétri d'admiration
et de rage à qui Claude Aufaure donne une dimension tragi-comique
époustouflante. Toute l'intrigue de cette pièce
poignante et souvent cocasse s'articule autour de ce couple
janusien indissolublement lié.
D'une grande qualité, le spectacle est également
d'une belle humanité. |