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Interview  (Paris)  11 mars 2009

Les quatre artistes du groupe Cirkus, Burt Ford, Matt Karmil, Neneh Cherry et Lolita Moon se sont prêtés généreusement à une interview pour Froggy’s Delight ce mois-ci. Dans une ambiance décontractée, ils se sont montrés assez volubiles, passion oblige…

Comment vous est venu le nom Cirkus ?

Burt Ford : Cela n’a pas vraiment été une décision, c’est arrivé comme ça. C’est assez chaotique, c’est en fait la part suédoise de Cirkus, car on passe beaucoup de temps en Suède. Notre comportement est assez un "cirque".

Neneh Cherry : "Cirkusy".

Lolita Moon : Un peu comme quatre personnes différentes dont la folie est un cirque. Quatre personnages, quatre rôles différents.

Vous sentez que travailler en couple vous apporte une synergie créative particulière ou bien vous freine par moment ?

Burt : C’est moins cher pour les hôtels. Plus sérieusement, les bons jours, c’est la meilleure chose au monde pour moi.

Lolita : On n’est jamais seul.

Matt Karmil : C’est compliqué les relations, ce n’est pas facile d’en parler.

Neneh : Parfois c’est un peu tendu. Burt et moi travaillons ensemble depuis longtemps. C’est comme une alchimie, c’est très particulier. Mais Burt et Matt ont également une alchimie particulière, ils sont une sorte de couple. Ils partagent leur truc mais Lolita et moi aussi et Matt et moi aussi. Ca va dans tous les sens. Je pense que c’est une pièce importante du puzzle. Pour moi, c’est ce qui rend l’expérience très spéciale.

Comment vous organisez-vous : chacun touche à tout et apporte sa part dans la partie création (musique, paroles) ou bien chacun sa tâche ?

Matt : Les lignes sont définies. Chacun a sa tâche et ces tâches changent à mesure qu’on se développe. On débute à une place, on a un projet ou un but particulier et chacun connaît son rôle. Je crois que quand on progresse, ces lignes se définissent légèrement différemment. En particulier lorsqu’on joue en concert, qu’on répète et qu’on doit traduire tout ce qu’on a fait en studio en quelque chose d’autre et là c’est plus collectif. Il y a quelque part plus à faire et on doit se projeter dans un sens plus large. Donc on ne peut pas vraiment toujours faire la même chose. On ne peut pas faire un concert seulement avec ses écouteurs.

Lolita (à Matt) : Sauf toi… (rires)

Neneh : Burt écrit beaucoup, Karmil aussi et concrètement ils font toute la musique.

Que représente pour vous le fait de faire de la musique, en termes de motivations et d'aspirations ?

Matt : Pour moi, c’est une nécessité. Je vis vraiment pour ça. Lorsque je me réveille, comme ce matin, je veux jouer de la musique, faire des concerts, exprimer des choses, apprendre sur la musique. Je crois que c’est comme si, chaque minute, chaque jour, je pensais à la musique.

Neneh : J’évacue beaucoup de choses de mon esprit à travers la musique. J’ai aussi d’autres choses importantes dans ma vie que la musique mais je l’aime. Je crois que j’ai été à une drôle de place dans ma vie pendant quelques temps. C’est pourquoi Cirkus est un voyage très important car quelque part dans l’industrie musicale, il m’est arrivé des trucs et je crois que j’ai un peu perdu le désir de sauter partout. C’est une expérience très importante pour moi de juste faire partie d’un groupe sans avoir toute l’attention portée sur moi, car cette pression, ça me déconcerte vraiment.

Matt : J’ai vu ça aussi moi-même, dans une moindre mesure. Lorsqu’on est trop impliqué dans un business, ça enlève une partie du plaisir, car c’est responsable pour toutes les autres choses de notre vie.

Neneh : Cela retire une part de la pureté de tout ça. Je pense que le plus incroyable avec la musique, c’est que ça ne s’arrête jamais. Tu continues le voyage jusqu’à ce que tu tombes et meurs. Cette partie innocente de la musique est vraiment merveilleuse et je pense que le côté "business" n’a rien à voir avec ça, il s’agit juste de se vendre soi-même, vraiment.

Matt : Tu as toujours quelque chose d’important à dire, que tu aies 3 ou 93 ans, tu peux faire de la musique. C’est très beau et certainement la seule chose au monde qui fonctionne comme ça.

Lolita : Faire de la musique ou écrire est une thérapie pour moi. Chaque chanson que j’ai écrite a été une histoire sur une chose. C’est comme un livre. Je ne me souviens jamais vraiment de concerts, ce qui signifie je pense que j’y suis libre. Je me sens libre.

Neneh : Medicine… (rires)

Burt : C’est pour moi un moyen de rester jeune, de garder mon esprit actif. Si je n’écris pas beaucoup ou n’ai pas écris dernièrement, je trouve que certaines parties de mon cerveau ne fonctionnent pas comme il faut. J’avais l’habitude d’écrire deux, trois, quatre chansons par jour. J’étais mentalement plus seul. C’était une manière pour moi de me libérer de mes dettes. Donc là, j’ai trouvé que c’était un moyen de repartir à zéro. Je prends les trucs que disent les gens. Surtout quand je suis à l’étranger, hors de pays anglophones plus exactement, et que j’entends des gens parler anglais d’une façon qui n’est pas toujours correcte et je prends ces mots. J’aime la façon dont ils ne viennent pas dans le bon ordre, ça me fait démarrer sur un sujet, avec lequel je joue. Lorsque j’écris plus tous les jours, je trouve que mon inspiration reste saine. Matt dit que tu te laisses embourbé dans les choses banales et n’as pas le temps de faire les choses que tu aimes. Mais tu ne peux tout simplement pas faire ça tout le temps malheureusement.

Matt : C’est la vie, quoi que tu fasses dans la vie.

Où puisez-vous votre inspiration?

Neneh : La vie…

Burt : Le journal The Guardian et The Independent. Je lis beaucoup tous les journaux. Et musicalement tout le monde vient d’endroits différents. C’est marrant que les goûts musicaux d’un groupe de personnes changent rapidement. On est influencé par les goûts de chacun et on a en même temps les nôtres.

Matt : Il y a vraiment deux contextes dans notre inspiration. Ce qui se passe dans le monde et nos vies. C’est 50-50.

Quelles sont vos influences musicales ?

Matt : De tout, du classique avant-garde aux chansons.

Lolita : Matt entend vraiment ce qu’il écoute, que ce soit du dubstep, drum n’ bass, drum, guitare classique. C’est intéressant.

Matt : J’essaie d’éviter d’écouter de trop ce qui est très similaire avec notre musique sinon je penserais que ce sont des copies. Lorsqu’on écrit, j’essaie de ne pas écouter de chansons mais plutôt des sons et autres choses expérimentales, des musiques étranges.

C'est bien pour vous d'être classés comme une bande trip-hop ?

Neneh : Pourquoi ne pas être d’accord avec ça. C’est bien d’avoir une place quelque part.

Burt : Aussi bien que d’être dans vingt-cinq autres catégories, je veux dire que je veux être dans le plus de places possibles dans les magasins.

Matt : Oui, Trip hop.

Burt : Qu’est-ce que le trip hop ? Beaucoup de choses que nous faisons sont influencées naturellement car nous venons d’Angleterre et je pense que les gens, en particulier de Londres ou Bristol qui sont des endroits où il y a beaucoup de communautés noires, ont sérieusement une affinité naturelle, car ils ont grandi autour de leur musique donc le trip hop a beaucoup à voir avec ça. C’est le côté être anglais dans une communauté noire avec des racines des Caraïbes et des racines africaines qui sont très connectées à l’Amérique par le hip hop. Je pense que la Grande Bretagne a été brillante en exportant vers les Etats-Unis ce genre de musique. C’est du hip hop mais c’est un autre genre donc ce que nous faisons c’est du trip hop. Pour nous, le dub step c’est le nouveau trip hop.

L’élaboration de l’album était-elle difficile ? Combien de temps cela vous a-t-il pris ?

Burt : Ce n’est pas difficile lorsqu’on aime ce qu’on fait. C’est génial, mais pas dur.

Matt : On a tendance à se retrouver à travailler vraiment vite et puis on met deux ans à essayer de le vendre. C’est grotesque tout ce qui se passe, c’est plus prétentieux que jamais. Je veux juste continuer d’écrire et enregistrer. Ce truc venu des années 70 où les gens mettaient six mois à enregistrer un album pour ensuite le passer à la radio ou sur les autres médias et en gros faire un album était une expérience de trois ans, c’est ridicule. Ecrire ne doit pas prendre ce temps-là si on ne le veut pas. Je ne pense pas qu’un d’entre nous veuille passer six mois à faire une video. La seule chose qu’on fait vraiment, c’est de jouer en concert. C’est fantastique mais être en tournée ne doit pas non plus ralentir le processus de l’écriture car tu peux écrire et enregistrer sur la route facilement, c’est mieux que de regarder les films dans le bus. C’est excitant qu’aujourd’hui tu puisses probablement faire deux ou trois albums par an.

Burt : L’enregistrement de cet album a pris, peut-être trois ou quatre semaines pour écrire la plupart des chansons et un mois pour jouer toutes les musiques.

Matt : Cela prend du temps, de finir le tout. Pour affiner le réglage, on doit être très précis. Mixer à nouveau, environ deux chansons par jour. Donc on peut faire un album en six semaines en incluant l’écriture, si on travaille cinq jours par semaine et douze heures par jour. Mais l’autre partie du processus est terrible, c’est fou le temps que ça prend.

Avez-vous une anecdote amusante à raconter concernant l’élaboration ou l’enregistrement de l’album ?

Lolita : On n’est pas des gens amusants. (rires)

Burt : J’ai aimé, je me suis beaucoup amusé.

Donc vous avez travaillé durement sans rien de particulier à signaler ?

Burt : Oui ça a été terrible, dans de terribles conditions. (rires)

Lolita : Cela s’est passé à Barcelone, c’est une ville géniale pour se balader.

Matt : On avait pris beaucoup de linge pour notre voyage à Barcelone car on voulait écrire. Mais on était tous les quatre là-bas et c’était plus facile d’écrire lorsque les filles sont parties. C’est drôle car on les a littéralement déposées à l’aéroport et on a disparu trois jours dans le studio. Lorsque vous vivez là-bas avec votre partenaire, il y a beaucoup trop de magasins, tapas, bars, etc.

Comment vous est venu l’idée de cette pochette ? Est-ce que les objets représentés ont une signification spéciale pour vous ?

Burt : C’est un ami à nous, Judy Blame, proche depuis quelques années de la mafia créative à laquelle nous appartenons, qui l’a faite. Il a détesté la pochette du premier album et il nous a dit qu’il n’accepterait pas que quelqu’un d’autre fasse la pochette du prochain. Il a mis longtemps à mettre le logo au bon endroit avec l’angle exact de la tête du chien.

Lolita : Le bon réglage encore…

Burt : Mais on l’aime vraiment. Beaucoup de gens ne le comprennent pas. Quelqu’un a dit hier qu’il pensait que c’était un peu comme les poupées de l’album Sergent Pepper's lonely hearts club band des Beatles.

Les objets ne vous appartiennent pas ?

Lolita : Non, ils appartiennent à Judy. Il a une collection de milliers de poupées en porcelaine et chacune d’entre elles est censée représenter un aspect de notre milieu culturel.

Burt : Il s’est très investi. Il nous connaît particulièrement bien. Il y a une signification derrière chaque détail.

Comment définiriez-vous l’album Medicine ? (Et en le comparant à Laylow ?)

Lolita : Je pense que bien qu’il soit assez sombre, on est plus gai dans la musique.

Matt : Les gens parlaient de Laylow comme du Broken Soul, alors Medicine c’est du "Broken disco". Je pense que c’est du bon Trip disco, Disco Trip. Du Trip to the disco . (rires) Ou du broken hop… (rires)

Quelles sont les chansons que vous aimez le plus ? Et pourquoi ?

Burt : "Medicine".

Lolita : All.

Neneh : "Fight with a girl", "Every day life", elles sont toutes super.

Matt : "Every day life". C’est un peu un ajout de dernière minute à l’album. C’est en fait la dernière chanson et j’aimais beaucoup le contraste entre le vieux "pipe organ" suédois pour lequel on doit vraiment beaucoup bouger les pieds, c’est assez fatiguant à jouer, et les aspects électroniques. Je pense que c’est probablement l’air le plus dur, c’est un peu comme de la dance music.

Burt : Tu ne l’aimais pas vraiment jusqu’à ce que je t’aie forcé à l’inclure et l’écouter.

Matt : Ouais, je ne pensais pas qu’elle était adéquate. Pour moi ce n’était pas vraiment Cirkus. Pourtant le mixage était très bien et finalement je l’aime beaucoup.

Qui a réalisé le clip de Bells ? Quel est le message que vous souhaitez faire passer ?

Burt : Ce sont deux gars de Degauss, une société à Stockholm. L’un d’entre eux a fait le design et puis on a fait une réunion et on l’a travaillé entre nous, car le message de la chanson est sur notre tendance à répéter les mêmes erreurs dans notre vie, car on oublie celles que nous avions déjà commises. Donc ils ont pensé que ce serait amusant d’avoir cet homme et juste de le torturer, c’était en sorte pour montrer exactement ce qu’il était tous les jours, un homme qui continue de sortir et courir sur les mêmes murs de briques, en direction du même coup qu’il va recevoir dans les couilles, etc.

Retrouvez Cirkus en Froggy's Session
pour 1 titre acoustique en cliquant ici !
 

 

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En savoir plus :
Le Myspace de Cirkus

Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


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Cirkus (11 mars 2009)


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