Christine
Arnothy vient de paraître un recueil de récits,
au sens strict du terme, qui, s'ils ne relèvent pas nécessairement
de l'autobiographie, ressortissent aux écritures du moi
et dont la causalité narrative trouve sa source dans
le phénomène de la résilience.
Qu'il s'agisse de récits très brefs de quelques
pages ou d'un roman court tel "Une
valse à Vienne" qui donne son titre au recueil,
ils évoquent des épisodes de vies ordinaires au
cours desquelles se produit une rupture, une fracture, dont
l'élément déclencheur peut apparaître
totalement incongru ou irrationnel de même que les conséquences
disproportionnées qu'il entraîne.
Le recueil commence donc par "Une valse à Vienne"
dont l'héroïne est une femme originaire d'Europe
centrale qui, enfant, a connu la guerre et l'exil, points communs
avec l'auteur, et n'a jamais pu surmonter ce traumatisme d'enfance
qui l'a empêché de se construire, et se clôt
sur celle d'une femme qui dépasse la souffrance de ne
pas être aimée de ses enfants à qui elle
a consacré sa vie en s'octroyant au moins les apparences
de cet amour filial grâce à un subterfuge qui illumine
la fin de sa vie ("Etre aimé(e) de sa famille").
Du tragique à l'humour, entre temps, elle se penche
sur la nature humaine et les mécanismes de défense
dont elle use pour tenter de déjouer la réalité
tels le déni pour évacuer une réalité
douloureuse ("Ce n'est qu'un jeu"), le clivage salvateur
pour éviter un carnage ("La grotte") ou la
fuite ("Sabine", "La mouche").
Christine Arnothy use de sa plume vive et son style fluide
qui, en l'occurrence se double d'un sens certain du suspense,
pour tracer l'itinéraire tout aussi crédible -
dont certains évoquent des faits réels qui ont
défrayé l'actualité - qu'inquiétant
de personnages dépourvus d'affect tout en étant
socialement intégrés, qui sont parfois qualifiés
de "monstres dormants". |