Texte
de Laurent Gaudé dit par Dominique Blanc.
D'une plume inspirée et novatrice, Laurent Gaudé,
romancier et dramaturge, ne cesse d'explorer le thésaurus
fondateur des mythes. En 2009, il publie un nouvel opus théâtral
qui s'inspire de l'histoire légendaire de la destruction
de Sodome.
La Sodome biblique, cité jumelle de Gomorrhe, symbole
de dépravation, fut rayée de la carte du monde
par la vindicte de Dieu sous une pluie de souffre et de feu
qui décima toute sa population, à l'exception
de Loth et ses filles, et ce jusqu'à la moindre trace
de vie.
Le mythe universel de la cité engloutie, son pendant,
la promesse d'un retour, et les découvertes géo-archéologiques
récentes sur la localisation de Sodome, en un lieu où
des rochers en forme de corps humain évoquent la figure
de la femme de Loth qui fut transformée en statue de
sel, fournissent à l'écrivain le matériau
tangible d'un poème épique d'une sublime beauté.
De la fin tragique de Sodome, il reste un témoin, une
survivante, une femme bien évidemment, l'unique rescapée
d'une entreprise délibérée d'anéantissement
irrationnel, perpétré ici par un bel ange exterminateur,
et qui, un jour de pluie, surgit de sa gangue de sel, tombeau
qui devait en effacer la moindre cellule et qui, en réalité,
l'a conservée intacte.
Dominique Blanc donne voix à la parole de cette femme
qui va narrer les derniers jours de sa ville, "Sodome,
ma douce", qu'elle décrit comme nouvel eden et dont
elle sera le bras armé d'une vengeance inéluctable.
Se livrant à un exercice superbement maîtrisé,
la comédienne propose une lecture magnifique, sans jouer
le texte, laissant leur puissance aux mots et à la métrique
prosodique, dans un silence quasi-religieux, aucun bruit n'émanant
de la salle dans laquelle le public est suspendu à ses
lèvres. |