Nous n'avions encore jamais vraiment entendu parler de Mekanik Kantatik jusqu'à ce jour où il fit la première partie des Young Gods au Fil de Saint-Etienne.
Les personnes alors présentent avaient décrit un drôle de bonhomme s'agitant autour d'un piano et quelques autres appareils étranges, allant du pc portable à la spatule de platrier. Un grand gaillard blond en short déformant sa voix et sortant de son piano de bien étranges sons et de curieuses mélodies.
Un spectacle vivant, une performance plutôt qu'un simple concert qui intrigue et fascine.
Difficile alors, en recevant ce premier album de Nicolas Cante qui, vous l'aurez compris, se cache derrière Mekanik Kantatik, de s'imaginer que tout cela puisse tenir sur 10 titres d'une petite galette de plastique même pas taillée pour afficher de belles images qui vont avec.
Pourtant, le titre de l'album associé aux images que l'on a du concert donne un indice. Sounds... from my Piano promet à lui seul un effet de surprise. Voyons donc ces sons que ce jeune homme est capable de tirer de son piano. Seront-ils à la hauteur de ses performances scéniques ?
Et bien au final, je ne sais pas car je n'étais pas présent à ce fameux concert que l'on m'a si bien raconté. En revanche, l'écoute de ce disque renforce l'envie de voir Nicolas Cante en découdre sur scène avec son instrument.
Tout d'abord, sachez que ce disque est hyper accessible et n'est pas un laboratoire expérimental et nombriliste comme on aurait pu le craindre.
Il contient même quelques morceaux assez réjouissants et entraînants ("Where I am ?", "Tristano mambo", "Zy lover"... entre autres).
L'ensemble naviguant avec bonheur sur un mélange détonnant de jazz, de classique et d'electro.
Pour en revenir à ce fameux piano, et même si cela semble difficile à croire, tout le disque n'est fait, chant et samples exceptés, que de sons provenant du piano de Nicolas Cante qu'il prend un malin plaisir à triturer, à la main ou de façon électronique. Mais il sait aussi laisser la place à des sons plus conventionnels venant avec bonheur s'ajouter aux martellements, déformations en tout genre et à quelques incursions vocales elle aussi passées à la moulinette de Nicolas Cante, virtuose du piano classique autant que des machines électroniques et ayant eu la bonne idée de mélanger les deux, tel un concertiste DJ, ou l'inverse. Imaginer un peu la salle Pleyel transformée en dancefloor ou les plages de Benicassim accueillir un concerto entre les Yeah Yeah Yeahs et Laurent Garnier. La classe !
Du surprenant "Machine" qui ouvre l'album – la voie pourrait-on dire – à l'incroyable "Chocolate, potatoes and..." de 9 minutes qui le termine trop vite, impossible de s'ennuyer entre un jazz débridé ("Special Kantatik"), quelques ovni inclassables comme "U wanna dance ?" que l'on pourrait rapprocher d'un certain rock anglais acidulé bowiesque ou des ballades un rien psychédéliques ("My sevdah") que l'on imaginerait volontiers en duo avec Angil et ses drôles de mélodies désaccordées.
Sachez enfin que le garçon, marseillais pour ne rien vous cacher, se revendique autant de John Cage que de Steve Reich et il n'y aura plus rien à ajouter.
Cet album est une réussite même s'il n'est, d'après l'avis même de l'auteur, qu'une base, solide, aux performances toutes différentes et plus folles les unes que les autres.
Mekanik Kantatik est un artiste vraiment atypique qu'il faut découvrir de toute urgence que vous préfériez le jazz, le rock ou l'electro, voire les trois à la fois ce qui devrait être le cas après l'écoute des "sons... de son Piano" tellement réjouissants ! |