Avec
l'exposition "Valadon - Utrillo",
la Pinacothèque de Paris
poursuit le challenge muséal qu'avait indiqué
son directeur Marc Restellini, lors
de son ouverture au printemps 2007, qui tenait en trois fondamentaux
: proposer des événements d'envergure, organiser
des expositions novatrices et montrer les œuvres d'artistes
majeurs écartés des cimaises françaises.
Ains sous le commissariat de Jean Fabris,
historien et expert de l'oeuvre de Maurice Utrillo et détenteur
du droit moral de ce dernier et de Suzanne Valadon, elle propose
une importante exposition des oeuvres de deux peintres injustement
oubliés, dont les oeuvres se situent, comme l'indique
son sous-titre, "Au tournant du siècle à
Montmartre - De l’Impressionnisme à l’École
de Paris".
Confrontations picturales
Un autre intérêt de cette exposition consiste
dans la monstration commune de l'oeuvre de peintres unis par
les liens du sang.
Un couple mère-fils fonctionnant sur un mode relationnel
amour-haine dont le seul rendez-vous réussi a été
la peinture et dont les notoriétés suivent le
principe hydrostatique des vases communicants.
Une photo prise dans les années 30 représentant
Maurice Utrillo aux côtés de sa mère et
de son mari est très révélatrice.
Suzanne Valadon regarde franchement et assurément l'objectif
avec un chat sur ses genoux qui quémande une caresse.
Et Maurice Utrillo regarde le chat.
Suzanne Valadon, modèle de Puvis de Chavannes, Renoir
et Toulouse-Lautrec, encouragée par Degas, figure novatrice
de la femme peintre hérite du pinceau impressionniste
tout comme Maurice Utrillo, figure du peintre maudit alcoolique,
très vite reconnu comme un des maîtres de l’École
de Paris.
A la peinture robuste et éclatante de vie et de couleurs
de Suzanne Valadon, femme bohême qui aime la vie et les
hommes et peint des scènes d'intérieur, portraits
et natures mortes, répond la peinture asthénique
de Maurice Utrillo qui vit reclus et peint, d'après des
cartes postales, des paysages sans âme qui vive. |