Texte
de Jean-Charles Masséra, mise en scène de Benoît
Lambert, avec Guillaume Hincky, Elizabeth Hölze et Marc
Chevillon.
Dans le cadre des Rencontres de La Villette 2009, Benoît
Lambert, co-fondateur de la compagnie dijonnaise le Théâtre
de la Tentative, met en scène un spectacle qui se veut
comme il l'indique lui-même une "petite leçon
d’économie politique à l’usage de
tous".
Spectacle-variation conçu, à partir d'extraits
de ses œuvres, par Jean-Charles Masséra,
écrivain, critique d'art, journaliste, "We
are la France" s'apparente à du théâtre
d’intervention en ce qu'il propose de réfléchir
sur l'impact de la globalisation financière sur l'appauvrissement
de la communication, la mode des baskets à scratchs et
les difficultés scolaires du petit Jordan accro à
la game boy.
La première partie, discursive, constitue une mise en
scène ou plus exactement en un face-à-face entre
la maman dudit petit Jordan et le PDG Silvio Akiyoshi sous forme
d'un torrent verbal jonglant avec le bagout d'un commercial
des phénomènes complexes voire incompréhensibles
pour le citoyen lambda sur le mode de la parodie des discours-type
pour en apprécier la portée, en termes d'aliénation,
au regard de l'individu moyen.
Ensuite, cela vire au manuel de survie en temps de paix en
faux dialogue frontal avec le public pour s'achever en vrille,
et en vidéo, dans la nature où les deux comédiens
déguisés en héros de comics, accompagné
du technicien looké Professor X, battent la campagne
à la recherche d'un supermarché.
Concrètement sur scène, il faut louer les deux
comédiens, Elizabeth Hölze,
parfaite en française moyenne complètement dépassée
et ahurie qui finit tout de même par poser les questions
qui tuent, et Guillaume Hincky, époustouflant
de vélocité verbale.
Bref, on en sort un peu déboussolé avec des termes
flottants dans les oreilles, normalisation, aliénation,
instrumentalisation, hypermondialisation, mais l'entreprise
est finalement roborative. |