J’ai découvert Fridge d’une manière assez rare de nos jours, replaçons le contexte. A l’époque pas de MySpace, et autres réseaux sociaux. Je me trouvais chez un disquaire et lui faisais part d’un manque cruel de nouveautés et de moyens de découvrir de nouveaux groupes, un peu hors cadre. Après lui avoir donné quelques pistes sur ce que j’écoutais, il me propose quelques nouveautés arrivées dans son magasin, parmi celles-ci Fridge avec leur album de l’époque, Semaphore.
Direction la platine d’écoute, je me retrouve aussitôt plongé dans l’univers sonore de ces trois musiciens anglais. Un véritable plaisir, leurs disques ne m’ont plus quitté depuis. Décrire l’impression de nouveauté qui se dégageait de cet album, me parait avec le recul difficile, vu tout ce qui s’est passé depuis 1998 (p....n, dix ans !) Les constructions, les structures des morceaux étaient résolument novatrices, l’absence de chant n’était pas gênante, au contraire. Proche de l’électro, mais pas tant que ça, loin du rock, mais pas tant que ça non plus, Fridge était un nouvel espace à découvrir. Une insolence tout en retenue, on y sentait déjà les bricolages sonore chers à Kieran Hebden, un parallélisme musical, déstabilisé par une inventivité sonore, une accumulation de petits sons venus de nulle part, paraissant insignifiants mais construisant un édifice complexe. Des architectes musiciens, voila peut-être un terme qui irait bien à ce trio.
La sortie de cette compilation des travaux de leurs débuts est une occasion de se replonger dans le passé de ce groupe qui, aujourd’hui n’a pas un succès démesuré, mais plutôt un succès d’estime. Loin du travail d’étudiants, ces chansons montrent une précocité dans leur capacité à composer des titres marquants, justes et haletants. Cette compilation s’adresse clairement aux aficionados du groupe ou alors à ceux qui, les ayant découverts sur le tard, voudraient approfondir le sujet. L’une des choses évidentes que peut révéler ce disque est très certainement l’influence discrète de Fridge sur nombre d’artistes dans le milieu "electronica" pour reprendre un terme journalistique en vogue à l’époque. Early Output a le goût d’une madeleine à la Proust, à la sauce des années 2000, qui donne envie de redécouvrir la discographie du trio. |