Lecture
du texte de Pierre Guyotat par Patrick Chéreau sous la
direction de Thierry Thieu Niang.
Venant pieds nus de la salle sous un halo de lumière,
s'inscrivant ensuite, douloureux, dans l'immense plateau complètement
dépouillé, Patrice Chéreau
porte le texte "Coma"
de Pierre Guyotat dans une lecture
mise en espace par le chorégraphe Thierry
Thieû Niang,
"Coma", qui relate la gestation et la gésine
mortifère d'une œuvre littéraire, se présente
comme un journal au quotidien de la vie de l'auteur, dans ce
qu'elle peut aussi avoir de plus trivial, pour épuiser,
autant physiquement que psychiquement, un corps, obstacle à
la traversée du miroir, dans une recherche extatique,
proche de celle des mystiques, celle qui doit mener à
n'être plus que le verbe, et, pas moins, le verbe avec
une majuscule.
Se dessine alors le portrait d'un homme dont le parcours s'apparente
à la posture de l'artiste visionnaire et maudit dont
l'oeuvre ne peut se réaliser que dans la souffrance.
Même s'il est écrit dans une langue plus proche
de la langue normative que ses autres œuvres, la syntaxe
de "Coma" n'est, pour le spectateur néophyte,
certes pas intuitive et Patrice Chéreau la décline
parfois au mot par mot ce qui traduit la pénibilité
de la verbalisation de "l'odyssée poétique
d'une écriture qui réclame ses livres de chair
pour s'incarner en verbe magnifique" et de la difficulté
de dégager, même dans ce qui n'est qu'une lecture,
une dramaturgie dans un texte d'introspection relativement hermétique
pour le commun des mortels. |