Il
ne s’appelle pas Jeff “Lightning”
Lewis pour rien, il change vite, très vite…
Plus rien à voir avec le concert génial à
la Guinguette Pirate en octobre dernier (voir notre article) dont
les rares spectateurs ne se remettent toujours pas. Est-ce la salle
– 350 personnes au lieu de la centaine de son auditoire habituel–
ou est-ce tout simplement le temps qui passe et l’entraîne
dans d’autres directions ?
N’allez pas croire que c’était un mauvais concert
: la plupart de ceux qui le découvraient ce soir-là
ont été conquis, même les vieillards venus voir
Kevin Coyne en deuxième partie.
Jeff et son groupe sont toujours aussi séduisants et attachants,
avec leur candeur incroyable, la spontanéité qui leur
permet toutes les audaces, comme s'ils réinventaient tout
à chaque morceau.
De nouveaux morceaux, beaucoup plus punk-rock-psyché que
folk ou AntiFolk, un mini opéra-rock désopilant qui
ressemble heureusement plus au “SF Sorrow”
des Pretty Things qu’à
Tommy, de belles parties chantées
des deux frangins, les magnifiques “Sea
Song” et “Shoot the Head
Kill the Ghoul”, une “low budget video”
sur The Fall et en prime, l’arrivée
surprise de Kimya Dawson (The
Moldy Peaches) qui vient chanter avec eux l’hilarant
“Ishalicious”, extrait de
"l’Anti Folk Collaboration vol.1".
Voir Jeffrey Lewis pour la première fois, c’est découvrir
un talent énorme, une énergie qui déborde.
Littéralement, on n’en revient pas. Ce type sait faire
de la musique en dehors de tous les clichés éculés
!
Mais
– à la lumière de notre interview - on comprend
que Lewis est à la croisée de deux chemins : le club
ou la grande salle, ses propres chansons acoustiques ou celles du
groupe, les tournées et toutes leurs corvées logistiques
qu’il ne veut confier à personne ou la solitude du
dessinateur de comics à la maison.
En attendant, le show manque un peu de cohérence. C’est
bien – c’est même très bien – mais
on se demande ce qu’il va devenir dans les mois à venir.
Et on a envie de lui dire “Tiens bon Jeff !”.
|