Les romans historico-ésotérico-policiers foisonnent sur les étals des librairies. Cette mode a commencé bien avant le Da Vinci Code, et la manne semble inépuisable tant les mystères qui jalonnent l’Histoire sont nombreux.
Kate Mosse, après avoir approché celui du Graal dans Labyrinthe, aborde dans son roman Sépulcre, tout à la fois ceux de Rennes-le-Château, des Tarots, et des tombeaux wisigoths.
1891 : une sœur et un frère, Léonie et Anatole Vernier quittent Paris pour passer un mois chez leur tante, au Domaine de la Cade, près de Carcassonne. Au départ réticente à quitter l’effervescence parisienne et tous ses plaisirs, Léonie va pourtant s’adapter à ce nouvel environnement. Son esprit imaginatif, nourri des histoires d’Edgar Allan Poe, et sa curiosité insatiable vont rapidement l’entrainer vers la découverte des secrets du domaine.
2007 : Meredith Martin, américaine rédigeant une biographie de Claude Debussy, parcourt la capitale en quête d’éléments inédits sur son sujet, et part au Domaine de la Cade, officiellement pour des recherches sur une des épouses du compositeur, mais dans les faits, à la recherche du passé de sa famille avec, pour seuls indices, une partition de piano et une vieille photographie. Voilà posé l’argument du roman.
Si dans les premières pages, l’interaction entre ces deux lieux, ces deux siècles et ces deux jeunes femmes parait artificielle, la stricte alternance des chapitres consacrés successivement à Léonie, puis à Meredith, dessine progressivement une histoire cohérente, le présent perpétuant le passé, le passé initiant le présent.
Les mystères des origines familiales de la jeune héroïne contemporaine se mêlent à ceux de Léonie, de la région et des cartes du Tarot, avec comme fil conducteur la vie et surtout la musique de Claude Debussy, premier point commun aux deux jeunes femmes : Meredith écrivant une biographie sur le compositeur, Léonie étant voisine et amie de celui-ci.
Les qualités de romancière de Kate Mosse nous entrainent entre la tragédie romantique de Léonie et la quête policière et généalogique de Meredith, entre le destin dramatique de la première et la révélation originelle et spirituelle de la seconde.
Partageant son temps entre le Sussex et Carcassonne, l’auteur britannique a effectué un remarquable travail de documentation à la fois historique, géographique et sur tous les sujets abordés dans le roman. Son talent de conteuse lui permet ainsi d’intégrer à son récit de longues explications didactiques –- sur la composition de la musique, les suites mathématiques, la cartomancie – et des descriptions très réalistes d’événements – comme des émeutes parisiennes – ou de lieux – comme la cité de Carcassonne, sans que le rythme de l’écriture en soit altéré.
A tout cela, nous pouvons également ajouter cette inimitable touche britannique dont cette écrivaine semble pourvue, et qui lui confère ce regard particulier sur la France, ce regard qui réhausse chaque paysage d’une patine vaporeuse et nous amène à entrevoir, derrière chaque buisson, un secret à révéler. |