Pour l'exceptionnelle exposition duelle "Le
bain et le miroir" qui se tient simultanément
à Paris, au Musée National du Moyen Age,
et à Ecouen, au Musée National de la Renaissance,
consacrée aux soins du corps et cosmétiques de l'Antiquité à
la Renaissance, les Editions de Réunion des Musées Nationaux,
en partenariat avec les Editions Gallimard, procèdent à la publication
d'un ouvrage remarquable qui va au delà du catalogue de recension
des œuvres présentées.
En effet, cet ouvrage synonyme luxueux, à la couverture carton
mousse, à la tranche jaspée or et aux gardes rapportées illustrées,
qui ressortit à la catégorie "Beaux Livres", constitue une publiciation
de référence sur l'état de la question, notamment avec les récents
travaux scientifiques menés par la Centre de recherche
et de restauration des musées de France et les laboratoires
de l'Oréal Recherche sur l'analyse chimique des produits
utilisés durant ces époques.
Par ailleurs, la mise en page variée des illustrations,
l'érudition des essais rédigé dans unelangue
accessible à tous et l'abondance du commentaire qui accompagne
chaque oeuvre ou objet, par ailleurs apariés en chapitres thématiques,
en fait un volume conséquent qui, du fait de la thématique
universelle et intemporelle, se laisse lire comme un voyage
évocateur du plaisir des sens.
Une belle introduction de Georges Vigarello, directeur de recherche
à l'Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, spécialiste
des pratiques corporelles et des représentations du corps
qui a notamment publié une Histoire de la beauté
- Le corps et l'art d'embellir de la Renaissance à nos
jours", qui trace l'évolution de la thématique
de l'exposition qui conduit du culte de l'eau de l'Antiquité
au prestige de la chair de la Renaissance.
A côté des essais didactiques des commissaires
de l'exposition, Isabelle Bardiès-Fronty,
conservateur en chef au Musée de la Renaissance, et Philippe
Walter, directeur de recherche au CNRS, pour l'Antiquité
et du Moyen Age, et Michèle Bimbenet-Privat,
conservateur en chef au Musée de Cluny, deux essais cernent
l'aspect "cosmtique" : Evelyne
Prioux chargée de recherche au CNRS et spécialiste
de la critique d'art dans l'Antiquité, se penche sur
les fards et cosmétiques dans les sources littéraires
antiques et Philippe Walter supervise la synthèse des
analyses et résultats scientifiques.
Dans la mesure où l'exposition coïncide également
avec deux événements "architecturaux"
que sont la réouverture au public, après restauration,
du frigidarium des thermes de Cluny, vestige unique, et de l'ouverture
exceptionnelle au public de l'appartement des bains du Château
d'Ecouen, Isabelle Bardiès-Fronty et Thierry
Crépin-Leblond, directeur du Musée National
de la Renaissance, en retracent l'histoire.
Elisabeth Taburet-Delahaye, directrice
du Musée National du Moyen-Age, signe une intéressante
étude sur l'influence du sacré et des apports
antiques et orientaux sur les objets de la vie profane médiévale.
Enfin, Cécile Scailliérez,
conservateur en chef au département des peintures au
Musée du Louvre, signe avec "La toilette : un genre
à la croisée des genres" un excellent essai
qui décrypte le nouveau genre pictural, unique et éphémère
de la Renaissance, le portrait nu de la dame à la toilette,
entre métaphore du plaisir érotique et allégorie
de la beauté et de la fécondité.
Un catalogue hautement recommandé. |