Peintre
figuratif américain célèbre pour sa vision
critique de l'American Way of Life, Eric
Fischl s'est tourné vers la sculpture dans une
démarche qui s'inscrit dans l'héritage de la sculpture
classique telle qu'elle a été initiée par
Auguste Rodin avec lequel il reconnaît sa filiation.
Rodin donc, mais peut être aussi Giacometti et Germaine
Richier qui irriguent une sculpture puissante des corps et du
mouvement fut-il infime et intime comme ceux de la série
"Ten Breaths" qu'il
expose à la Galerie Daniel Templon.
"Ten Breaths" constitue une série de sculptures
conçues comme éléments d'une installation
devant être présentées sous un éclairage
spécifique de manière à générer
des ombres portées qui en renforcent la portée
dramatique.
"Le langage du corps est comme
une fenêtre de l'âme"*
Des sculptures figuratives et expressives de corps puissants
et bruts aux visages méconnaissables, aux traits absents
ou à peine ébauchés ou effacés,
révélatrices d'une vérité organique
impressionnante et figures génériques et emblématiques
d'une humanité peut-être déchue qui ne survit
que par ce souffle suspendu.
Ce
qui est remarquable est la capacité à exprimer
par une sculpture immobile un mouvement, à capter un
moment toujours très chargé émotionnellement,
un moment souvent de fragilité extrême dans une
trame narrative qu'il laisse au regardant le soin de décoder
ou d'imaginer.
Ainsi en est-il avec "Tumbling woman II", figure
féminine en suspension dans l'air, posée au sol
simplement sur la nuque, réplique d'une commande du Rockefeller
Center pour la célébration des morts du 11 septembre
2001 qui fit scandale, traduit de manière si suggestive
le moment de l'impact dont le mental de celui infère
l'écrasement qui doit suivre.
Eric Fischl joue ainsi les provocateurs d'images, d'associations
mnésiques et/ou de projections mentales qui bousculent,
bouleversent et impliquent celui qui regarde. |