Après le passage obligatoire sur la grande place pour s'hydrater devant les musiciens du métro, il est temps, en ce dimanche toujours très chaud, de rentrer dans l'univers de CirKus, autrement dit, dans la famille de Neneh Cherry et de ses proches. Mari, fille, gendre, frère, ils seront tous là pour la carte blanche offerte par Art Rock à cette dynastie de musiciens hors pair. La journée commence donc par un concert, rarissime, du frère, Eagle Eye Cherry, célèbre en France pour ses singles folk incroyablement entraînants. En accoustique, avec un deuxième guitariste, il parviendra à tenir en haleine le public du grand théâtre avec une petite dizaine de chansons savourées par les spectateurs. Lolita Moon et Neneh Cherry elles mêmes viendront assister Eagle Eye qui présentera quelques morceaux de son nouvel album. Enfin !, diront certains.
La suite sera à l'avenant avec l'incroyable concert de CirKus, formation quasi familiale de Neneh Cherry et Cameron McVey. Un véritable plaisir pendant plus d'une heure trente avec quelques invités de marque comme Martina Topley Bird ou Eagle Eye et des chansons toujours variées, non formatées, chantées à trois ou quatre voix et soutenues par des instrumentistes hors pair. Pas de tubes, pas d'explosions, juste un groupe qui s'amuse et qui relit tout son répertoire pour le plus grand bonheur de tous. Etonnament la voix du producteur, assis face au public armé de sa X-Station, semble parfois aussi féminine que celle de sa fille. Standing ovation méritée à la fin de la prestation, on s'en souviendra de cette carte blanche !
En marge du concert de CirKus, les trois japonaises de Nisennenmondai étaient invitées au forum. Le dossier de presse parlait de noise, de Sonic Youth, de Slint, mais après 15 minutes avec les trois musiciennes sur scène accompagnée de Neneh Cherry au chant, le public comprend que les inspirations viennent de très loin. Sur un rythme de batterie effréné, les boucles de guitares minimalistes s'enchainent mais restent malheureusement contenues. Du math rock, on ne retrouve que la répétition sans la moindre mélodie, un free rock noise sec et un peu lassant. A saluer pour la prestation de la batteuse seulement.
Passage à Poulain Corbion après un après midi dans les belles salles de la Passerelle. Anaïs débarque avec son groupe pour un concert nettement moins cheap que d'habitude. Moins cheap, plus rock mais encore un peu léger. Certes tout le monde est au point, du bassiste souriant à sa guitariste Lussi in The Sky toute en charme, mais au final les chansons du Cheap Show ont un peu de mal à se voir transformées pour un groupe de rock. Seules les nouvelles chansons profitent vraiment des musiciens et au final on regrette l'époque plus blagueuse et artisanale de la première tournée de la chanteuse.
Le vrai moment rock de la soirée sera l'arrivée de Bloc Party sur la grande scène. Malgré le dernier album un peu en dessous, Kele Okereke et sa bande revisitent les albums avec le punch habituel. Les guitares acérées de Russell Lissack se posent sur l'incroyable jeu de batterie de Matt Tong qui offre un régal pour les oreilles mais aussi pour les yeux. La voix du chanteur en live se rapproche encore plus du Robert Smith jeune et offre toute la saveur de ce groupe. Un vrai bonheur pour finir la soirée et terminer cette belle édition, une fois de plus réussie, de Art Rock.
|