Nous rejoignons les Montgomery à la terrasse du Glaz’art, petite salle du nord-est de Paris. Alors que nous attendons patiemment qu’ils terminent leur interview précédente, nous assistons, médusé, à leur interprétation acoustique de "Baleine". Dans une version complètement épurée, cette chanson – le sommet de leur nouvel album – se révèle toujours aussi enchanteresse. Ce moment magique fut une parfaite mise en bouche à notre interview avec les cinq bretons (Benjamin Ledauphin : chant lead, guitare / Thomas Poli : guitare, claviers, machines, chœurs / Yoann Buffeteau : claviers, machines, samplers, chœurs, batterie / Cédric Moutier : basse, claviers, chœurs / Mathieu Languille : batterie, chœurs).
Pourriez-vous nous raconter comment vous vous êtes rencontrés ?
Benjamin : Cédric, Matthieu et moi étions copains au lycée à Laval. On avait formé un groupe pop-rock classique (basse / batterie / guitare). En venant faire nos études à Rennes, on a rencontré Yoann à l’Antipode, là où on répétait. Il était batteur mais se proposait d’habiller notre musique avec des synthés. Thomas, lui, est arrivé pour produire l’album et il a intégré le groupe après parce qu’il avait fait beaucoup d’artistique dessus. Le final de Montgomery s’est vraiment fait sur l’enregistrement du premier album. Et donc on est cinq depuis 2005.
Qu’est-ce que ça fait de passer d’un groupe breton prometteur à une programmation cet été aux Vieilles Charrues, où vous partagez l’affiche avec Lenny Kravitz, TV On The Radio et Birdy Nam Nam notamment ? C’est une belle progression, non ?
Benjamin : C’est quelque chose qui se fait sur plusieurs années, donc c’est une évolution tranquille et logique. Elle n’est pas fulgurante, c’est une petite promenade. Ce sont juste des choses de mieux en mieux qui nous arrivent. Dans nos vies, c’est super progressif, c’est très cool et la vie est belle. Il n’y a pas d’énormes changements, si ce n’est que nous travaillons plus, que nous avons davantage d’expérience et que forcément on est un peu meilleurs d’année en année. Il y a de l’évolution, on sent le fruit de notre travail.
Qu’est-ce qui a changé entre le premier album (Montgomery, 2006), et ce Stromboli ? De quelle façon vous êtes-vous enrichis ? Que vous a apporté cette expérience ?
Benjamin : Psychologiquement, les deux expériences sont assez différentes. Le groupe s’est formé sur le premier album, on était quatre, et Thomas, même s’il faisait partie de l’aventure, n’était pas encore vraiment intégré au groupe. Ensuite, toutes les trouvailles qu’on a pu faire sur le premier et qu’on a trouvées en enregistrant l’album tout seul, se résument sur le second. On a pris ce qui nous semblait le plus intéressant, les sons qu’on trouvait les plus cool pour représenter notre musique et pour aller le plus loin possible sur Stromboli. Ce qu’on avait touché du doigt sur le premier album, on a essayé de les pousser plus. C’est une suite logique. Le deuxième album ne serait pas comme ça s’il n’y avait pas eu le premier. C’est indispensable, c’est un chapitre avant l’autre.
Sur Stromboli, les arrangements sont d’une grande richesse, très diversifiés (bruitages en tous genres, sonorités très variées, plein d’instruments différents). C’est quelque chose auquel vous faites très attention, sur lequel vous passez du temps ?
Thomas : On passe beaucoup de temps à expérimenter en studio, à enregistrer des pistes, des instruments, même si la plupart du temps ce que l’on fait n’est pas conservé. Mais ça amène vers d’autres choses, ça permet de développer le morceau sur d’autres parties, ce qui donne au final un côté un peu "cut" à notre musique : on peut passer rapidement d’un univers à un autre, de quelque chose de doux à quelque chose d’hyper agressif. On bidouille vachement, c’est beaucoup de bricole. C’est aussi beaucoup de ratés, de petits accidents dans lesquels parfois il y a des choses vraiment bien qui sont découvertes, auxquelles on n’avait pas pensé. Parfois, c’est en gardant certaines pistes entre elles et en enlevant d’autres qu’on s’aperçoit qu’il y a un truc un peu nouveau, qui nous surprend. Généralement, c’est à ce moment-là qu’on décide de ne plus toucher le morceau, c’est quand il y a ce truc, cette sorte d’alchimie qui a été trouvée un peu malgré nous, on se laisse un peu porter par ce truc-là. Il y a beaucoup de choses proposées et on essaie de les synthétiser, d’y donner une cohérence.
C’est un peu ce que j’imaginais : je trouve que Stromboli est un album ambitieux, sur lequel vous avez tenté plein de choses et pour moi, c’est une réussite. Cela a dû vous demander de vous mettre en danger lors de l’enregistrement, pour tenter toutes ces expérimentations ?
Benjamin : A un moment, on s’est posé de vraies questions quant à la difficulté de faire des albums et la raison pour laquelle on faisait de la musique. On a une vraie ambition, on cherche à grandir, à s’épanouir par la musique et pour ça, on essaie de ne jamais se répéter. Donc oui, on cherche à se mettre en danger tout le temps sinon ça n’aurait aucun intérêt. Notre but est d’aller le plus loin possible, et donc forcément on est ambitieux. J’imagine que certains pourraient nous trouver présomptueux mais à notre âge, on n’a plus envie de faire de la musique pour imiter quelqu’un ou quelque chose. On a passé ce cap-là, on ne fait pas de la musique pour appartenir à un "crew". On est orienté uniquement vers la recherche de notre épanouissement artistique.
Sur le disque, certaines chansons sortent du lot ("Baleine", "Volcan", "Le Ciel"…), mais il n’y a pas de single évident. L’album forme un tout cohérent et assez homogène. Vous l’avez conçu davantage comme une œuvre, un voyage, qu’une collection de chansons ?
Benjamin : On cherche à créer un univers, à faire ressentir des choses aux gens, quitte à ce qu’elles soient parfois gênantes ou désagréables. On est dans une culture de l’œuvre et on cherche à ce qu’au final, toutes les chansons forment un univers particulier.
Thomas : On a vraiment la culture de l’album, de l’objet "disque". On aime bien les albums qui s’écoutent d’une traite. Pas forcément les concept-albums ou les opéras rock, ce qu’on fait ce n’est pas du tout ça. Mais les disques qui forment un bloc, où on ne va pas écouter une ou deux chansons et jeter le reste.
Stromboli n’est pas un album qui s’impose immédiatement comme une évidence, à la première écoute. Il demande du temps pour se révéler et dévoiler sa complexité, ce qui est souvent un gage de qualité. Avez-vous conscience de ça, et en êtes-vous fiers ?
Benjamin : Oui, à fond ! Et c’est quelque chose qu’on recherche à la base, on est foisonnant d’idées dans tout ce qui touche à la musique. Les disques qu’on aime sont ceux où les artistes sont allés chercher des détails et qui font qu’un album peut avoir une durée de vie assez longue. Donc on prend ça vraiment comme un compliment, et on joue dessus, ça fait vraiment partie de notre culture. On trouve ça cool que notre album mette du temps à s’installer et qu’on puisse redécouvrir constamment des petits trésors dedans.
Il y a un côté très contemplatif, très innocent dans votre musique. De plus, vos paroles sont souvent décalées, voire fantaisistes, comme sur "Baleine" ("On parle d’une baleine qui me parle de vous…"). C’est quelque chose qui vient naturellement ou que vous cherchez à inclure dans votre musique ?
Benjamin : Non, c’est naturel. Pour ce qui est des paroles, il n’y a pas vraiment d’histoire, c’est juste une envie de faire sonner les mots, d’avoir une image dans la tête. La Baleine, on l’a utilisée parce que ça sonnait bien et que ça amenait une petite rythmique en même temps que la guitare et la batterie. On essaie juste de faire sonner les mots, donc c’est vrai que parfois ça peut paraître un peu simple, de la même façon que les Beatles ont aussi pu faire des chansons vraiment contemplatives. Mais pour nous, l’intérêt est dans la sonorité des mots, pas dans leur sens.
C’est vrai que contrairement à une bonne partie des groupes français, le sens des paroles est secondaire, le but est qu’elles se fondent dans la mélodie et qu’elles sonnent...
Benjamin : Oui, et c’est logique car on n’a écouté que de la musique anglaise, c’est comme ça qu’on entend la musique. Du coup, pour les paroles, comme on ne maîtrise pas l’anglais, on a trouvé un phrasé en français qui marche bien. C’est comme ça qu’on a trouvé notre style, et il correspond à ce qu’on écoute, notre culture musicale. Il nous suffit juste de mettre des mots sur ces mélodies, et ça nous paraît naturel.
C’est assez rare d’y arriver avec la langue française…
Benjamin : C’est assez bizarre. Peut-être qu’en France, les groupes sont trop référencés, à chaque fois qu’il faut écrire les paroles, il faut que ce soit du Noir Désir ou un texte profond. C’est vrai que pour nous, il aurait sans doute été plus simple d’écrire en anglais pour appartenir à la scène qui nous inspire. Mais le but n’est pas d’appartenir à qui que ce soit mais de faire la musque qu’on aime. Donc la langue française est venue tout naturellement. Mais c’est vrai que de façon surprenante, c’est assez rare que ce soit le cas en France. D’ailleurs, c’est souvent les groupes Québécois qui vont faire le boulot à la place des français (comme Malajube par exemple).
Une autre artiste française qui y parvient très bien, c’est Mademoiselle K.
Benjamin : Oui, c’est vrai. Ses paroles sont très rythmées et mettent en avant les sonorités.
Thomas : Il y avait un peu ça dans la pop 60’s en France, avec des chanteuses comme France Gall et ce qu’elle avait pu faire avec Gainsbourg. Même les textes "pam, pop, wizz" de Gainsbourg.
Benjamin : C’est vrai que pour les textes, c’est à peu près les seules influences françaises qui nous ont vraiment parlé tout de suite. Moi je pensais plus à André Popp, "bleu, le ciel est bleu", tout ce qui est dans ce genre-là.
Thomas : C’est exactement ça, il place la voix comme un instrument de l’orchestre à part entière. Ce n’est pas la musique d’un côté et la voix de l’autre. On essaie de faire ça aussi, intégrer la voix comme un instrument, et faire en sorte que les sonorités prévalent sur le sens du texte.
Pour revenir aux arrangements, est-ce que les machines ou les ordinateurs interviennent dans votre musique ?
Thomas : Alors les ordinateurs et la programmation, pas du tout. Toutes les machines et les petits claviers qu’on utilise, on les a trouvés sur des braderies. On aime bien les synthés aussi, mais plutôt ceux qui sont anciens : les synthés analogiques des années 70 et 80, et les Korg notamment. On fait un petit peu de sampling, mais on sample notre propre musique, on crée une banque de sons à nous, qu’on triture ensuite avec des samplers. On a aussi des petits claviers Casio avec un sampler intégré, où on peut enregistrer un son et le rejouer directement sur le clavier. On utilise pas mal ce genre de petites bricoles pour créer des sons qui servent nos arrangements.
Sur scène, ce n’est pas trop difficile de retranscrire cet univers foisonnant ?
Thomas : Là aussi, on utilise le sampling. Il nous permet de ne pas nous balader avec tous les claviers qu’on a utilisés sur le disque, ce qui serait beaucoup trop compliqué. Ça nous permet d’amener tous les sons de l’album sur scène, mais tout est joué en live. Sur Stromboli, il y a pas mal de sons de guitares aussi, un peu triturés, et qui sont joués en direct sur scène. On est cinq, on a dix mains, et on essaie de se débrouiller pour retranscrire au mieux ce qu’il y a sur le disque. Pour l’instant, on essaie d’être assez proche de l’album.
Benjamin : Oui, là dans un premier temps, on essaie de maîtriser l’engin. C’est un sacré challenge de le retranscrire sur scène, ce n’est pas toujours évident. Mais on s’en approche, c’est du gros boulot et c’est passionnant.
Sur scène, vous accompagnez votre performance par des projections, c’est une façon d’enrichir encore votre univers ?
Benjamin : Oui, on a rencontré les gens de l’association Vitrine En Cours lors d’une projection à Rennes, et on les a contactés pour nos concerts.
Nicolas (de Vitrine En Cours, il s’occupera des projections ce soir) : Alors nous, on utilise uniquement de l’argentique, avec des diapos et des films en 16 mm. On a fait des créations spécialement pour Montgomery, ce n’est quasiment que des images originales. Il y a aussi des samples de films 16 mm qu’on met en boucle et qu’on projette sur les morceaux pour essayer de les habiller. On s’inspire librement de leur musique.
Votre album dégage un univers très original, mais on ressent l’influence de certains groupes, notamment de Grandaddy. C’est même flagrant sur des titres comme "6 Bonnes Raisons", "Le Ciel", ou "Le Chat". Ressentez-vous une filiation avec ce groupe ou avec d’autres se situant dans la même esthétique (Grizzly Bear, Midlake, Mercury Rev…) ?
Thomas : Oui, Grandaddy on est vraiment tous fans. Par contre, on a écouté l’album solo de Jason Lytle (ndlr : Yours Truly, The Commuter, sorti en mai) et il est un peu décevant. Chez Grandaddy, on aimait bien ce côté à la fois très puissant et très fragile. On est aussi fan de l’utilisation qu’ils ont des petits claviers, avec des sons un peu tous pourris. C’est vrai qu’on est assez proche d’eux en fait.
Benjamin : C’est marrant, parce qu’on a commencé à les écouter au moment de notre premier album, avant on ne connaissait pas trop. On a trouvé pas mal de choses en commun, cela nous a pas mal apporté, et ça nous a conforté dans certaines idées qu’on pouvait avoir. C’est vrai que ça fait partie des références assez importantes pour nous. Jason Lytle, c’est quelqu’un qui fait des choses tout simplement belles avec pas grand-chose et en prenant certains risques, donc c’est aussi un exemple.
Thomas : On est proche d’eux dans la façon de faire : ils ont toujours enregistré leurs disques tous seuls, Jason Lytle mixait souvent les disques lui-même. Mais c’est plus un hasard, on n’a pas voulu reproduire ce qu’il a fait. En tout cas, ça nous aide de savoir qu’il y a des gens qui arrivent à faire de la musique aussi bonne de façon un peu artisanale et indépendante.
Benjamin : Et surtout de voir qu’il maîtrise son truc, qu’il est maître de ses choix, de la production. C’est un peu notre rêve aussi, d’arriver à retranscrire ce qu’on a dans la tête. Lui y est arrivé de façon très personnelle, et c’est un super exemple.
Une autre influence assez marquante, c’est Radiohead. Sur "Baleine", par exemple, les guitares semblent tout droit sorties de "OK Computer", quelque part entre "Subterranean Homesick Alien" et "Let Down"…
Benjamin : C’est cool, ce ne sont pas les morceaux les moins mauvais en plus ! On est des mecs des années 90, donc nos deux influences majeures, c’est Nirvana pour les guitares, et après c’est Radiohead pour tout le côté recherche, beauté de la chose. Donc oui, c’est une de nos principales influences, comme pour énormément de groupes de notre génération. Ils montrent la voie constamment, à chaque album. On connait tout Radiohead par cœur.
Vous avez une chanson qui s’appelle "Athlète". C’est parce que ça représente bien l’énergie que dégage la chanson, ou parce que vous êtes fans de sport ?
Benjamin : Non, non, ça représente plus un espèce de truc un peu mécanique, qui avance sans cesse. On est fan de sport pour quelques uns d’entre nous, mais ça n’a rien à voir sur le moment. Le nom athlète, ça peut remonter à la Grèce, ou même à L’homme qui valait trois milliards. On a essayé de mettre en scène un personnage qui ne pense qu’à une chose. Ça aurait pu être autre chose, parce que le nom "Athlète" est venu après. C’est un beau nom, qui résonne. C’est de la sonorité encore une fois, et ça colle bien à la chanson. C’est un peu comme avec Stromboli, le titre du disque. On l’a mis tout à la fin de l’album. On cherchait, et le dernier morceau qu’on a fait, c’était "Volcan". Il faisait un peu le lien entre tous les morceaux, c’était ce qu’il manquait pour qu’on soit vraiment content de l’album. Les paroles arrivent toujours à la fin, après les mélodies, et on s’est dit que le thème du volcan pouvait coller. Et à un moment, on regardait des diapos je crois, et c’est Nicolas qui nous a suggéré Stromboli.
La pochette du disque correspond bien à votre univers, foisonnant et contemplatif. C’est une invitation au voyage, elle est très évocatrice. Comment l’avez-vous trouvée ?
Benjamin : C’est un accident, mais c’est Yoann, qui est graphiste, qui s’en occupe…
Yoann : Effectivement, c’était un accident. J’étais en plein dans les recherches graphiques pour la pochette du nouvel album, j’avais essayé pas mal de choses que j’avais déjà l’habitude de faire, et ça ne me plaisait pas. Il y avait quelque chose de redondant. Au bout d’un moment, je suis tombé sur un énorme carton rempli de diapositives, où j’ai trouvé cette diapo par hasard. C’est une image qui m’a tout de suite parlé. Elle vient d’un livre pour enfants en diapositive, c’est une image d’un char de carnaval.
Et ce qu’on voit dépasser, en bas de l’image, on dirait une baleine, non ? Ça a été rajouté ?
Yoann : Une baleine ? Oui, peut-être… Mais il n’y a aucun collage, c’est vraiment l’image originale. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle est libre d’interprétation pour tout le monde. Et c’est marrant, parce que tous ceux qui m’en parlent la voient d’une façon différente. En tout cas, elle correspond bien à l’ambiance de l’album.
En toute fin d’album, on découvre un très beau titre caché. Quel est son nom ? Et pourquoi un titre caché ?
Benjamin : Elle s’appelle "La Fin Des Bobo Jours" (rires). C’est pas ton nom de famille d’ailleurs ?
Si, si… (rires)
Benjamin : On s’est dit s’il nous pose cette question on lui répondra ça, c’est marrant (rires). Et tu la poses en plus.
Thomas : Le titre, en fait, c’est "La Fin Des Beaux Jours".
Benjamin : C’est un vieux morceau, un des premiers qu’on a composés pour l’album, il devait même l’ouvrir. Mais au final il est très bien là, caché tout au bout. Comme une espèce de nuage qui arrive sur la fin pour dire "au revoir tout le monde, rendez-vous au prochain épisode". C’est un petit classique des albums qu’on a pu écouter dans les années 90. Ça arrivait souvent de trouver des chansons un peu plus loin qui venaient nous surprendre. Et comme celle-là est assez massive au début, ça correspondait bien.
Tout à la fin de ce titre caché, on entend ce qui ressemble à un meuglement de vache. C’est une touche humoristique ?
Benjamin : Même pas, c’est vraiment une question de son, encore une fois. On nous dit souvent que c’est un meuglement de vache, nous on ne l’entend pas forcément comme ça. C’est un truc qu’on fait avec nos petits Casio. On voit plus ça comme un truc un peu psychotique ou lunaire. On était complètement défoncés ! (rires) Non, non, je rigole.
Cédric : C’est un âne ! Moi j’en suis sûr !
Benjamin : On ne sait pas vraiment en fait, on est là (ndlr : il se lance dans une série de cris animaliers). On a nos petits claviers, on enregistre dedans avec un petit micro, on rejoue le truc. On a eu envie de donner un côté très bizarre à la fin de ce morceau, et donc de l’album, et du coup on a mis ce son. C’est encore une fois un heureux accident, mais c’est tout sauf une vache au final. C’est vraiment une espèce de machin qui peut gêner ou faire rire, c’est selon.
Mathieu (ndlr : il pousse un cri d’oiseau) : Moi j’aurais plus dit un gros oiseau, genre un goéland.
Yoann : Encore une fois, c’est libre d’interprétation, et c’est ça qui est marrant.
Votre album est sorti il y a une semaine. Avez-vous eu des retours positifs ?
Benjamin : Pour l’instant, on ne sait pas trop en terme de ventes. Mais les premières critiques des médias sont plutôt positives, oui. Les gens sont contents de venir parler de cet album qui est un peu différent. On a au moins un succès d’estime on va dire, pour le reste on verra. On n’a que des retours enthousiastes et ça fait plaisir. En plus, du coup, c’est plus agréable et simple pour nous de défendre notre album.
Avez-vous une tournée de prévue, allez-vous sillonner la France ?
Benjamin : Il va y avoir un peu les festivals d’été : les Vieilles Charrues à Carhaix, Terres du Son, Jour J à Orléans, Foin de la Rue… Et à la rentrée on fera un peu de tournée, ce sera peut-être l’occasion de faire un tour au Canada et au Québec. Après il y aura la Belgique et la France. On a aussi le projet Mad Max, un ciné-concert. On a déjà mis en musique le premier film de la saga, c’est vraiment une expérience sympa. Les gens regardent le film et nous on joue notre musique à côté, c‘est super. C’est différent, ça change un peu. On va reproduire l’expérience à Montpellier notamment. C’est aussi une façon de rester en permanence créatifs. Ne faire que des concerts, ça peut être stressant, et c’est bien de proposer autre chose.
Y a-t-il un artiste ou un groupe qui vous a donné envie de devenir musicien ?
Benjamin : Pour les trois qui sont à l’origine du groupe, c’est Nirvana.
Thomas : Mozart ! Mozart ou Jean-Jacques Goldman… (rires) J’ai commencé la musique très tôt en fait, et si je me rappelle bien, je crois même que c’est La Petite Musique de Nuit de Mozart (il chantonne). Ou alors Scott Joplin. Comment ça s’appelle déjà… ?
The Entertainer ?
Thomas : Exactement. Ça, j’aimais bien.
Yoann : Moi les deux premières cassettes qui m’ont plu, c’est le London Calling des Clash, et après Sgt. Pepper’s des Beatles. Ça peut paraître un peu prétentieux, mais c’est vraiment les premières cassettes que j’ai écoutés vraiment avec attention. Bon, avant ça j’ai eu des cassettes vraiment pourries dont je ne préfère pas citer le nom. Mais c’est un pion au collège qui m’a filé ces deux cassettes, et qui m’a donné envie de me mettre à la musique et à la batterie.
Y a-t-il des groupes que vous appréciez beaucoup en ce moment ?
Thomas : Les Fairguson, Arch Woodmann… Je fais de la promo pour ce soir…
Benjamin : Il y a Animal Collective qui montre pas mal de voies en ce moment, c’est chouette, ça nous botte bien. Ils apportent un truc différent, une fraîcheur qui manquait. Mais du coup tout le monde s’engouffre dedans. Il y a aussi Grizzly Bear, avec qui on avait pris une bonne claque sur le premier album. Et le deuxième aussi va être super. Et puis Crystal Antlers.
Thomas : On a des disques où on se rejoint tous, comme ceux qu’on vient de citer, mais chacun de nous a ses propres influences.
Benjamin : Après c’est vrai que tout ce qu’un membre du groupe aimera à fond, on l’aimera un minimum. Il y en a qui écoute plus de musique que d’autres, et d’autres qui sont un peu plus fainéants.
Thomas : Tu as acheté combien de disques ce mois-ci ?
Benjamin : J’en ai acheté trois : Microcastle de Deerhunter, Crystal Antlers, et j’ai acheté un autre vinyle, mais je ne sais plus lequel. C’est déjà pas mal…
Thomas (moqueur) : C’est bien, trois…
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