Brillant, furieux, incandescent, et parfois déstabilisant. Voila comment sonne Fits, second opus du trio originaire d’Austin (Texas) White Denim. Mené par le très guitar-héro James Petralli, accompagnés de ses néanmoins talentieux sbires, le batteur Josh Block et le bassiste Steve Terebecki, le groupe nous concocte ici, un album hétérogène confirmant encore, qu’il est difficile de les classer.
Ils déstabilisent donc : parce qu’ils ne sont ni rock, ni garage, ni punk, ni inde. Certes, mais il y a comme chez eux une session familière, influence sans nul doute du rock des 70’s... Voila pourquoi White Denim est une de ces formations qu'on peut encore qualifier de rock’n’roll. Faire du neuf avec du vieux demeure quand même un pari risqué. D’autant plus qu’il a été maintes fois repris. Mais attention, pas d’imitation ici. A l’instar des surprenants Black Lips, les White Denim se targuent d’offrir une musique particulière, qui donne l’occasion au groupe de poser leur folie moderne sur le bon vieux rock de papa.
Le groupe s’est fait connaître avec leur premier bébé, Workout Holiday (à qui l’on doit le puissant "Shake shake shake", et l’indéniable hymne "Let’s talk about it") qui connut un franc succès. Leur passage au SXSW (South By Southwest), le plus grand comice américain, qui donne chaque année, la possibilité de provoquer des remous, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Salué par le Rolling Stone mag et autre NME, la notoriété de ce groupe s’est étendue pour devenir plus mainstream. Le groupe poursuit son petit bonhomme de chemin. De festivals en festivals, il se fait connaître par-delà la blogsphère et autre myspace and co, confirmant encore, qu’ils sont en passe de devenir bien plus qu’un groupe accouché d’un buzz.
Retour donc assuré, grâce au nouvel opus titré Fits, et dont le mot d’ordre est "crises". Loin d’associer l’état d’esprit de l’album, à celui du phénomène mondial actuel (et encore heureux), Fits résonne en effet comme un pétard, une furieuse envie de "pétage de plomb". D’ailleurs, "fit", signifie en anglais, "crise", dans son sens médical.
Au son des rythmes garages, de la guitare fuzz, des pédales Wah-Wah, de la basse enragée des hymnes scandés par la voix de Petralli, si familière des seventies, ce nouvel album des White Denim se savoure et s’apprécie avec frénésie, un soupçon de retenu, en plus. Au début de l’album on tombe dans des sensations proches de la crise aiguë. Douleurs, cries, souffrance… tels sont les symptômes de cet état. Doit-on pour autant, se sentir comme cela à l’écoute de l’album ? Non, pas forcément, mais bizarrement, il nous y incite. En effet, Fits commence avec des morceaux énergiques, puissants comme le violent "Radio Milk How Can You Stand It", l’étonnant "All Consolation" et le curieux et néanmoins exalté, "El Hard Attack DCWYW" (tout de même, scandé en espagnol). Il s’enchaîne avec des rythmes plus pop et plus doux, plus mélodieux. On retourne ici, à un état d’esprit apaisé comme sur "Regina Holding Hands" et sur "Syncn", morceaux le clôturant.
L’album suit donc une progression ascendante. Débutant par des morceaux énervés, populaires et convaincants, il s’achève sous des mélodies pop, et ballades country soporifiques. A certains moments, on se demande même pourquoi ces dernières figurent sur ce LP. Cependant, à y écouter de plus près, ces airs agissent comme une anesthésie. Ils cicatrisent les séquelles laissées par l’ambiance de départ.
Enfin, si la plupart des morceaux sont courts comme pour signifier des moments de crise passagère et transitoire menant au calme, l’écoute de l’album, en entier, sans coupure, vous procure une bouffée d’énergie et un apaisement, une anesthésie puissante.
Pour conclure, White Denim demeure un groupe qui reste à suivre et demande peut-être à être vu en live, pour être convaincu. En tout cas, tout le monde ne parle plus que d’eux et ce n’est apparemment qu’un début. |