"La
note noire" signée sobrement Costantini, a reçu
le Prix du premier roman policier du Festival de Beaune 2009,
prix qui a du flair et qui a su détecter des auteurs
qui ont depuis fait leurs preuves telle Fred Vargas.
Même s'il indique qu'il n'a pas voulu révolutionner
le genre et qualifie son premier opus de "divertissement",
l'auteur, de son vrai nom Christophe Bourgois-Costantini, chef
d’entreprise, globe trotter et saxophoniste passionné
de jazz, qui est également cuisinier à ses heures
perdues, a su doser les ingrédients traditionnels pour
concocter une recette bigarrée aux saveurs multiples
qui laisse entier au lecteur le plaisir de découvrir
l'inattendue "note finale".
Alors au menu, d'abord un titre à connotations multiples
qui colore la toile de fond de l'enquête menée
par un policier tenace qui fonctionne à l'intuition.
Ensuite le protocole culinaire qui consiste en un mélange
des genres : une intrigue policière classique qui se
colore de roman noir avec le personnage principal du policier
newyorkais, archétype de l'anti-héros à
la Chester Hymes, doté d'un nom à coucher dehors
- Thelonious Coleman Avogaddro - d'un passé douloureux
- une pointe de James Ellroy - et d'une vie affective et personnelle
plutôt ratée qui lui a fait connaître les
abîmes de la dérive.
En plat principal, une série de crimes dont l'absence
apparente de mobile rationnel et le mode opérationnel
- l'égorgement et le dessin d'un drapeau sur le front
de la victime - leur confère une ambiguïté
excitante, du crime politique, alimenté par la paranoïa
du complot islamiste de l'après 11 septembre 2001, au
meurtre de serial killer à la Thomas Harris, et laisse
le lecteur se perdre en conjectures.
En accompagnement, l'antagonisme intestin police-FBI propice
à des loupés sanglants sur un fond musical qui
puise sur les standards du jazz, une histoire d'amitié
franco-américaine et un une belle fausse piste servie
sur un plateau qui amène un rebondissement inattendu.
Nourri des engouements de ce Corse d'origine, parisien d'adoption
qui niche à la Cité des fleurs et que l'on croise
serein au marché des Moines dans le 17ème arrondissement,
ce roman se laisse déguster, agaçant juste ce
qu'il faut les papilles avec des saveurs métissées,
même si on est privé de dessert car l'identification
du coupable ne se fait pas sans dommages collatéraux.
La note reste noire mais l'addition n'est pas salée :
6 € aux Editions du Masque..
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