Sous l'étrange patronyme de Lord Cut-Glass, digne d'un quelconque Disc jockey de fêtes foraines, c'est en fait Alun Woodward qui sort son premier album depuis la fin de son mythique et magnifique groupe, The Delgados.
Oui, vous avez bien lu, après des années passées dans l'ombre de ses amis musiciens au travers de multiples collaborations, c'est sur le label créé par... The Delgados, Chemikal Underground, que sort donc Lord Cut-Glass, recueil de quelques magnifiques pop songs a l'écossaise dont il a le secret, longuement gardé au frais mais semble-t-il intact, tant on retrouve toute l'élégance des compositions qui nous plaisait dans son précédent groupe.
Seul aux commandes cette fois ci, Lord Cut-Glass a trouvé à son tour de quoi s'entourer pour mener à bien ce projet même si l'essentiel est exécuté par lui seul.
La cavalcade de "Even Jesus Couldn't Love You" ou la solennellité de "Monster Face" sont autant de moments de grâce orchestrés de main de maître.
Guitares, cordes ou cuivres se succèdent au gré des pop song de Lord Cut-Glass tellement fraiches et touchantes.
On pense même parfois à Sigur Rós lorsque la musique s'accompagne de l'accent écossais de Woodward que l'on croirait sorti d'un roman d'heroic fantasy ("A Pulse").
Les choeurs de "Look after your wife" entre bluette et armée rouge sauront vous étonner tout comme le presque parfait "Holy Fuck !" ou "I'm a Great Example to the Dogs" et ses roulements de tambour. "Toot Toot" ferme joliment l'album, tout en douceur, laissant ensuite parler le silence jusqu'à relancer l'écoute du disque depuis le début, sans lassitude et sans s'ennuyer une seconde.
Lord Cut-Glass est un vrai et beau travail d'artisan, patiné par le temps. Celui qu'il a fallu a Woodward pour enfin nous le livrer. |