Après
les deux superbes Lean that way forever
et The driver is dead, nous attentions
avec impatience les prochaines compositions de Ai
Phoenix non seulement parce que nous avions beaucoup aimé
les deux précédents albums précités
mais aussi pour savoir quelle voie allait prendre le groupe pour
ce nouveau opus.
Ainsi si The Driver is dead était plutôt mélancolique
et minimaliste, essentiellement habité par la voix douce
de Mona Mork, Lean that way forever était
plus "traditionnel", plus country et s'invitait largement
dans l'amérique des Walkabouts
notamment avec des duos entre Mona et Patrick
Lundberg. Duos très présents sur ce nouveau
disque notamment sur "Country life in the autumn".
I've been gone - Letter one reprend
donc en fait les choses là ou Lean that way forever les laissait,
c'est à dire aux racines de la country et du folk américain,
plutôt que dans les contines efliques nordiques.
Beaucoup moins mélancolique aussi, et plus rock à
l'image de l'entrainant "Call me in, Piccard"
(Seraient ils fans de Star Trek New generation ?), cet album n'est
pas destiné aux seules âmes en peine et, à sa
façon, est plutôt joyeux et optimiste ("The
pilot and the Pilgrim"). Une évolution plutôt
qu'une révolution et avec "Leaving
the fairground" dont le chant est laissé à
Mona, nous replongeons l'espace de 3 minutes 40 dans l'univers intimiste
qui était et reste leur marque de fabrique.
Si l'ensemble reste dans une certaine douceur, les arrangements
sont plus marqués, les instruments et la voix plus agressifs,
comme si enfin Ai Phoenix osait ce pas en avant pour se projeter
enfin dans la lumière. Le banjo se fait plus rock ("Sing
ghost song") , les guitares ("Autobahn")
et claviers ("Small red heartshaped pillow")
plus affirmés et les voix bien plus sûres d'elles ("Held
into the fire" et son rock 'n ' roll endiablé).
Mais rassurez vous, les mélodies sont toujours d'une parfaite
pureté, évidentes mais sans esbrouffe, appuyées
sans être lourdes, tubesques parfois mais jamais easy listening.
AI phoenix assume enfin ses influences, ou peut être les
a-t-il enfin dépassé pour nous plonger dans leur propre
univers musical ... Quoi qu'il en soit , le résultat est
atteint et donne envie de garder I've been gone - letter one toujours
à portée d'oreille, en toute circonstance, un cachet
d'aspirine de l'âme en quelque sorte.
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