La première minute d"'Hero" est pleine de promesses. Un rythme électronique entêtant, basse vibrante et percussions martelantes, relevées d'éclats de synthé aussi grandiloquents que bienvenus et puis – et puis rien, justement.
Après 4'22, il ne s'est rien passé de plus, à part quelques variations sans saveur dans une répétitivité qui a perdu la sienne. Ce qui aurait pu être une introduction grandiose n'était qu'une électro-boucle d'une indigence créative désarmante. Le pire c'est qu'on nous refera le coup quelques pistes plus tard, avec "Tower of Trellick". Bienvenue dans Kleerup, premier album solo du muti-instrumentiste suédois Andréas Kleerup, alias Kleerup.
Peut-être que je ne comprend rien à la scène électro suédoise ? J'imagine que c'est ce que l'on doit appeler "électro-ambient-minimaliste". Mais voilà, le génie d'un Loscil n'y est pas et la touche pop ne compense pas, malgré la pléthore de guest vocalist suédoises : Lykke Li, plébiscitée pour son album Youth Novels (2008) et Robyn, pour qui Kleerup avait déjà écrit "With Every heartbeat" (republié ici, mais le titre fut dès 2007 un sacré tube, se classant 1er des ventes de single au Royaume Uni – incroyable, non ?) ; mais aussi Marit Bergman, Tityo et Linda Sundblad, chanteuses plus ou moins indie-pop-variet' assez peu renommées par nos contrées – ce dont un chroniqueur plus méchant que moi leur saurait gré.
Malgré l'éclectisme revendiqué par l'artiste, la complexité fascinante que l'on veut prêter à son univers mental, le produit fini oscille entre l'électro-dance de fête foraine, l'ambient-minimaliste essouflée et la franche variété bontempi, qui ferait passer les compositions du personnage joué par Vincent Lindon dans le film L'étudiante (Claude Pinoteau, 1988) pour le summum de l'avant-garde musicale.
Fort heureusement, on pourra au moins danser en club sur certaines de ces compositions. Disons : en milieu de soirée, lorsque les heures de trémoussements auront fini d'émousser l'audition des danseurs. Pourvu que l'on sue et que l'on oublie les tracas de la journée, que l'on envisage la rencontre d'un nouveau partenaire d'accouplement – toutes nobles causes qui suffisent largement à justifier l'existence d'un disque, sans ironie aucune. Mais que l'on ne s'imagine pas trouver là une musique inventive, créative, intéressante ni même réellement belle. |