La
Maison Européenne de la Photographie
rend hommage au photographe brésilien Alair
Gomes, dont la quête obsessionnelle du corps des
jeunes hommes et la fin tragique en 1992 évoque celles
de Pasolini, avec l'exposition "A
new sentimental journey 1983 ".
Le thésaurus dans lequel a puisé le commissaire
de l'exposition, le photographe Miguel Rio Branco, qui comme
Alair Gomes travaille sur l'assemblage d'images en polyptiques,
est constitué d'une séries de photographies prises
en Europe en 1983 consacrées au nu dans la statuaire
antique et la statuaire de la Renaissance.
Ces clichés constituent le prolongement, tout en étant
leur source d'inspiration formelle, des séries de photographies
de corps nus des séries "The course of the sun"
ou des "Beach Triptychs" précédemment
réalisées par Alair Gomes qui s'inscrit dans le
registre des photographes préoccupés par un des
genres majeurs de l'art, la représentation du corps nu
et plus particulièrement la mise en valeur érotique
du corps masculin.
La glorification homophile
Après avoir célébré la beauté
des éphèbes en chair et en os, il se penche sur
sa représentation dans la sculpture classique dont la
vocation est d'exprimer l'énergie musicale et chorégraphique
du corps en résonance avec le divin.
Celui
qui fut d'abord un scientifique et un philosophe avant de se
consacrer à la photographie, y ajoute la rhétorique
en symbiose avec ses préférences sexuelles.
Structurant ses clichés comme une pièce musicale
avec des portraits en pied et des gros plans anatomiques, ce
qui est particulièrement significatif dans le panneau
consacré au "David" de Michel Ange, il tourne
autour de son sujet de manière presque cinétique
pour s'imprégner du moindre détail.
Toutefois
le médium photographique, s'il atteste la démarche
de fascination de l'officiant, ne parvient pas à rendre
l'émotion ambiguë suscitée par l'érotisme
sous jacent d'un marbre de Praxitèle.
Alors : nu érotique ou nu sacré ? philosophie
sensualiste ou posture esthétique ?
"Je suis convaincu que si le nu apollinien cessait d’obéir
aux règles de l’art académique, il ne pourrait
pas être conçu ou traité en tant que forme
irréconciliable avec un érotisme ouvert qui tend
parfois à la pornographie. " Alair Gomes
|