Rapidement encensé et mis en avant comme le plus grand songwriter depuis Bob Dylan, le discret Conor Oberst a fait parler de lui au travers de sa courte discographie sous le nom de Bright Eyes et s'est offert un joli succès public tant par sa musique que par son personnage, mystérieux, discret et plutôt caché derrière ses albums.
Mais aujourd'hui, Bright Eyes n'existe plus et c'est sous un nom à l'ancienne sans doute aussi meilleur pour l'ego que le petit génie réapparait en compagnie d'un nouveau groupe (même si Taylor Hollingsworth était déjà présent dans la précédente formation). Conor Oberst and the Mystic Valley Band débarquent donc, après quelques enregistements au Mexique notamment avec cet album, Outer South aux accents country rock qui, une fois encore, seront sans doute obligés de supporter de nombreuses comparaisons avec papy Dylan. Mais au-delà de cette filiation dont on a un peu fait le tour à propos de Oberst, que reste-t-il à ce disque ?
Indéniablement un sens de la composition bien entendu et un style très vieille école, du rock à papa au tempo tranquille et au refrain à vous faire allumer un briquet en plein stade ("Difference is Time").
On trouvera aussi une certaine nonchalance élégante dans la guitare qui rappelle parfois Television, tout comme le chant sur "Slowly oh so slowly" notamment.
Le seul problème peut-être en fait que l'on a l'impression d'avoir écouté 1000 fois ce genre de chansons alors qu'on attendait du formidable Conor une créativité sans borne. Mais à défaut d'être original, le jeune homme et son groupe puisque ce disque est une œuvre collective, proposent une poignée de chansons à l'américaine bien foutues avec juste ce qu'il faut d'odeur de renfermé pour faire mouche. Comme ce "Roosevelt room" énervé et psyché au clavier vintage ravageur, grande réussite débridée de ce disque dont les chansons ont parfois un peu de mal à se détacher de certains canons de l'americana.
On pense souvent à l'écoute de Outer South à Howling Good Times d'un autre fan de Dylan, mais anglais celui là, feu Nikki Sudden dont on a envie pour l'occasion de se repasser la discographie.
Outer South serait un bon premier disque qui transpire le rock de n'importe quel groupe au monde, ne nous y trompons pas, mais on attendait juste quelque chose en plus de Oberst... |