Alors que la créativité artistique a tristement fait place à l'industrie musicale (que de stupidité dans ces deux mots), quelques groupes résistent et continuent de faire de la musique, du théâtre, du cinéma, etc. sans perdre de leur fibre artistique et sans penser une seconde que l'art puisse répondre à une quelconque règle économique "rationnelle".
Loin des grosses productions du moment capables de faire vendre avant de faire vibrer, on trouve donc quelques artisans de la musique comme Marc Morvan et Ben Jarry à qui on ne peut que souhaiter que leur musique puisse en dépit de tout cela, toucher quelques personnes, au moins pour pouvoir espérer, nous comme eux, un autre album de l'accabit de Udolpho dont il est ici question.
Si cette inquiétude s'empare de nous, c'est que par le passé et malgré un album remarquable, le précédent projet de Marc Morvan alors nommé 3 guys never in est mort dans l'oeuf.
On trouvait pourtant déjà dans ce groupe ce qui fait aujourd'hui encore les qualités de Udolpho : songwriting élégant et aérien, voix carressante, arrangements délicats.
Mais depuis le temps, F.M. et surtout Revolver sont passés par là avec leur pop de chambre élégante et racée et peut-être sommes-nous désormais à même d'apprécier à sa juste valeur la folk de chambre (je ne sais pas si cette appellation existe réellement) du duo Morvan Jarry.
Morvan et Jarry, c'est une voix (que certains comparent aux Magnetic Fields dont Marc Morvan ne se cache pas d'être fan), d'une guitare
acoustique dont il joue et d'un violoncelle aux mains de Ben Jarry.
Avec un tel programme, on ne risque que deux choses, l'addiction ou l'ennui. A l'écoute des mélodies touchantes et sensuelles du duo, on écartera bien vite toute notion d'ennui au profit d'un bien-être et d'un sentiment d'apesanteur. Morvan et Jarry nous envoie en l'air avec la légèreté d'une plume sans faire en apparence aucun effort, juste à la force ou plutôt à la volonté, tel un enchantement, de leurs deux instruments et de cette voix qui ne vous mâchent plus.
Entre le songwriting rigoureux d'un Red House Painters et des arrangements que ne refuserait pas The Divine Comedy, l'été sera chaud avec le bel Udolpho. |