On avait découvert Berline, une fois encore, lors d'une première partie de Asyl il y a déjà 3 ans et c'était déjà plus que prometteur, dans un registre blues rock grincheux (mais pas graisseux) avec Alice Botté et Barbee pour seuls maitres à bord.
Pour situer un peu, Barbee officiait dans Lolamaï et Alice Botté est un des guitaristes les plus doués de la scène rock française et a officié avec tout ce qui se fait ou s'est fait ces dernières années dans le rock. On l'aura ainsi croisé avec sa guitare à l'envers de gaucher équilibriste du côté de Daniel Darc, Jad Wio et beaucoup d'autres.
Berline donc est la réunion de ces deux personnages incontournables du rock français, loin du jeunisme médiocre qui nous inflige trop de groupes d'ado poseurs gavés à la musique de papa.
Alice Botté a une putain de dégaine de rockeur et tous les Naast du monde peuvent retourner à leur sandalettes en plastique. Et pour la musique, il en va de même. On ne s'invente pas rockeur, c'est comme ça, que voulez-vous que j'y fasse. Et bien les Berline, ils ont ça dans le sang, dans le cœur, au bout des doigts et partout ailleurs mais épargnons les détails à notre jeune public. Un gars, une fille donc mais plutôt The Kills que White Stripes même si Berline transpire moins l'érotisme que The kills, encore que...
Si l'ouverture de Boa Club laisse sur sa faim avec ses airs, trompeurs, de variété française façon cabaret, la suite ne decoit pas et prouve que le bon rock n'a nul besoin de se cacher derrière la langue anglaise pour sentir la sueur et le sexe, le tabac froid et le whisky.
Entre histoires glauques et poétiques, Berline impose son style, fait de quelques machines, d'une voix rauque et sensuelle (évoquant parfois Dany ou Buzy) et de guitares superbement mises en valeur par le magique Alice. "Bling bling" et son rythme quasi electro rappelle les Ultra Orange d'il y a 15 ans. Tubesque. "Cheri cheri" est du même accabit avec son thème electro terriblement efficace.
Les textes sont également parfaitement justes et collent très bien avec la voix sensuellement rock de Barbee épaulée, juste comme il faut, par celle de son compère comme sur "Ca me brûle" et surtout sur l'excellent "Au loup" qui n'est pas sans rappeler "23h15" de Delenda.
Duo érocktique au possible, très Rita Mitsouko.
Même quand le groupe s'essaie à l'anglais, c'est une réussite comme le poisseux "You've been so cruel to me".
Un excellent album de rock français, exercice périlleux mais largement faisable quand on a leur talent. Mais ne nous leurrons pas, la route est longue et sans doute que le même disque en anglais chanté par un groupe d'outre-Manche aurait eu droit à plus d'éloges, mais ce Boa Club est une belle pierre à l'édifice, celui dont les bâtisseurs s'appellent Jad Wio, Bashung ou Daniel Darc...
Comme dans la chanson qui ferme langoureusement l'album, Berline, c'est des chaussures rouges et un blouson de cuir, la nuit sous la pluie.
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