Jón Þór Birgisson de Sigur Rós et Alex Somers des moins célèbres mais tout aussi intéressants Parachutes, avaient entamé une collaboration artistique en 2006 avec la sortie d'un livre de photos autour de Sigur Rós.
Le duo a également composé un titre, "Happiness" pour une compilation contre le sida nommée Dark is the night.
Aujourd'hui, c'est donc un album entier que Birgisson et Somers nous proposent, toujours sous le nom de Riceboys Sleeps.
Et c'est logiquement que "Happiness" ouvre ce disque durant plus de 9 minutes faites de cordes, de bruits d'ambiances et de quelques nappes electro. On reconnait sans peine la patte Sigur Rós même si Jón ne chante pas (il ne chante quasiment jamais d'ailleurs sur ce disque si ce n'est pour ajouter le son de sa voix comme une énième couche mêlée aux cordes et piano). Du Sigur Rós sans mélodie à proprement parler. Car Riceboys Sleeps soignent les ambiances, invite à la contemplations et à l'imaginaire, apportant encore un peu plus de la magie et de la beauté que l'on imagine nous apporter l'Islande.
La plupart des titres durent 7 ou 8 minutes et ne sont que suite de notes égrainées par le quatuor Amina et de sons divers, plus ou moins étranges et harmonieux en proportions inverses, de la douce clochette au craquement d'une barque sur l'eau (peut-être). Pourtant l'ensemble que l'on imagine volontiers aggressif et chiant est au contraire élégant et accueillant, parfois même trop, l'attention de l'auditeur devant être forte pour ne rien rater de ce qui, de loin, parait une timide musique d'ambiance pour intermède télévisuel nocturne.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce disque est riche et ses auteurs délicats et généreux offrent le meilleur d'eux-mêmes. Alors bien sûr, ici pas de grandes envolées sonores post rock dont Sigur Rós a le secret, Riceboys Sleeps a le tempo lent, voire pas de tempo du tout. La douceur de la musique construit au fil des minutes sa propre trame sans besoin de support rythmique.
On pense parfois à Gorecky en écoutant par exemple le superbe "Indian summer" mais on apprécie surtout cet album pour ce qu'il est. Celui de deux doux dingues qui se jouent des canons de la pop musique pour en sublimer les émotions et vous filer une putain de chair de poule plus sûrement qu'un Fisherman's Friend. |