Mis au placard depuis quelques années déjà, Fruit Bats fait partie de ces groupes inconnus que l'on prétend tous connaitre. Le problème avec ce groupe, c'est son leader, Eric Johnson, trop occupé à jouer avec Vetiver ou The Shins notamment. Mais voilà donc que pris d'on ne sait quel élan, il revient avec ses Fruit Bats composées désormais de Christopher Sherman, Ron Lewis, Graeme Gibson et Sam Wagster.
Aussi le titre de l'album ne pouvait être mieux trouvé. The Ruminant Band aura été longuement mâchouillé et dégusté avant de nous parvenir et de fait, nous voilà avec un très agréable verre de lait tout chaud, ou tout frais comme vous voulez (qui a dit "une belle entrecôte" ?).
Mais préparez-vous néanmoins à un plaisir de courte durée car l'album a peut-être mûri pendant 6 ans, il n'en est pas moins court.
Sans réellement s'éloigner de ce à quoi on s'attend, c'est-à-dire une folk enjouée aux lignes claires, The Ruminant Band tire davantage du côté de la pop guillerette imprégnée de musique américaine un rien vieillote sans pour autant se transformer en un monument en hommage aux morts de la Country.
De joyeuses mélodies pop en ballades acoustiques, la voix de Johnson se promène gracieusement en donnant l'impression (bonne) que le garcon a synthétisé dans ses cordes vocales l'âme de plusieurs décennies de Country folk américaine.
Pourtant, parfois on sent aussi dans le chant une influence clairement plus pop comme sur le refrain tubesque de "The Ruminant Band" ou "Being in our own". Très pop aussi "The blesses breeeze", tube facile mais pas dénué d'élégance avec ses guitares grinçantes qui contrebalancent la douceur de la voix.
Toutes ces influences se ressentent tout au long de l'album.
Et le côté country vintage est joliment assumé et même revendiqué notamment sur "The hobo girl", son piano façon saloon et ses choeurs de cowboys de retour du marquage des boeufs. On se croirait dans un western et on se surprend à s'y sentir bien.
Les ballades, même si elles sont joliment tournées sont peut-être les titres les moins excitants, notamment si vous ne parlez pas anglais, et tombe dans un certain conformisme de la ballade entre americana et chanson de stade propice à l'agitation de briquet à bout de bras ("Singing joy to the world") ou le vaguement bluesy "Feather bed".
Comme The Shins ou dans une autre mesure Devendra Banharts, Fruit Bats dépoussière, avec un savoir-faire indéniable et un talent certain pour la composition, le bon vieux Country de papy pour en faire une musique ouverte à tous, accessible, mélodique et joyeuse. Il serait temps. En souhaitant que d'aventures musicales en collaborations multiples, Johnson n'abandonne pas à nouveau son groupe sur le bord de la route, sauf si l'herbe y est abondante et haute peut-être. |