En 2001, le Club des partenaires du Musée Toulouse-Lautrec d’Albi recréait un Nouveau Salon des Cent, le Salon des Cent original qui s’était tenu en 1894. réunissait les meilleurs artistes graphistes et affichistes du moment, de Mucha à Toulouse-Lautrec en passant par Bonnard, pour la promotion de l’art de l’affiche illustrée.
Il a ainsi démarché cent graphistes des cinq continents et de réputation internationale pour les inviter à participer à un exercice imposé sous forme d'hommage dans le cadre de l’anniversaire de la mort de Henri de Toulouse-Lautrec.
Après une longue période d’itinérance mondiale en raison de son succès, cette exposition investit le Musée des Arts Décoratifs sous le commissariat conjoint de Réjane Bargiel et Amélie Gastaut, conservatrices des collections publicité aux Arts Décoratifs, enrichie de la quasi-intégralité des affiches réalisées par Toulouse-Lautrec.
Toulouse-Lautrec for ever
Avec ce focus sur Toulouse-Lautrec, l'exposition, séquencée de manière thématique à partir de ses sources d'inspiration et ses sujets de prédilection, comme les femmes et le japonisme, présente un double intérêt. D'une part, elle présente les affiches originales du peintre qui se passionna pour l'affiche, la lithographie et l'estampe ainsi que leurs ébauches, les différents états d'impression et leurs variantes.
Des affiches qui immortalisent le Montmartre de la Belle Epoque avec ses lieux légendaires de divertissement, tels le Divan Japonais ou le Moulin Rouge, et ses figures mythiques, de La Goulue à au personnage théâtral avec sa veste de velours noir et son écharpe rouge d'Aristide Bruant, et constituent des instantanés pris sur le vif sur le quotidien de la Butte devenu lieu de pèlerinage touristique.
D'autre part, elle offre un beau panorama de l'art contemporain de l'affiche au niveau international avec les contributions de ces 100 artistes qui, chacun avec sa sensibilité et son style, offrent autant de variations graphiques.
Et
comme Toulouse-Lautrec c'est une oeuvre mais aussi un homme
au physique atypique, les hommages sont autant de déclinaisons,
illustratives ou symboliques, autour de ses affiches que de
sa silhouette mi-homme mi-nain et de son faciès aisément
identifiables..
Ainsi l'affiche de Jane Avril se produisant au Jardin de Paris inspire le japonais Shigeo Fukuda, décédé cette année, qui ajoute malicieusement un petit Aibo, le célèbre robot-chien de Sony, auquel il prête son visage, pour lorgner sous les jupes de la danseuse et ses gambettes de la danseuse suffisent au néerlandais Max Kisman et à l'américaine Paula Scher.
L'affiche
créée pour le passage de Bruant aux Ambassadeurs
inspire l'américain Michael Schwab, le japonais Kijuro
Yahagi et les allemands Nico Ott & Bernhard Stein et le
brésilien Guto Lacaz revisite à la manière
des dessins pour enfants les danseuses de cancan.
La silhouette schématisée pour la suissesse Rosmarie
Tissi et le français Philippe Apeloig est même
réduite à un pictogramme explicite par l'américain
Michael Bierut
Le
chapeau melon de Toulouse-Lautrec, auquel l'espagnol Isidro
Ferrer ajoute un phallus, voire les monocles en sus suffisent
à l'allemand Gunther Kieser et à l'israélien
David Tartakover pour portraiturer l'homme dont la figue singulière
inspire l'italien Bruno Monguzzi pour un double profil figure
de carte à jouer ou un jeu d'optique pour le polonais
Waldemar Swierzy.
Et pour certains, le suisse Ruedi Külling et l'américain Woody Pirtle, sa signature ou son monogramme, satisfont à l'évocation du peintre.
Humour
avec le français Raymond Savignac qui opére une
synthèse joyeuse du personnage, avec son melon orné
de pinceaux, pris en sandwich entre un bar et une chahuteuse
effeuillée et qui voisine avec bonheur avec deux belles
propositions photographiques, celle du sein de James Victore
et de Toulouse-Lautrec niché dans le pubis d'une belle
odalisque du zimbabwien Chaz Maviyane-Davies.
A ne pas rater, la métaphore du suisse Ronald Curchod avec son centaure à torse de danseuse dont Toulouse-Lautrec est la queue, déféquant des pépites.
Une exposition à compléter d'une balade montmartroise avec, au pied des vignes, une halte au charmant Musée de Montmartre qui propose de retrouver Toulouse-Lautrec notamment dans son exposition "Les grandes heures de Montmartre".