Comédie
dramatique de Marc Fayet, mise en scène de José
Paul, avec Caroline Maillard, Lysiane Meis, Marie Piton, Marc
Fayet, Stéphane Hillel et Gérard Loussine.
Décidément, les comptines enfantines et les petits
jeux inspirent Marc Fayet. En 2004,
"Jacques a dit" mettait en scène les retrouvailles,
vingt ans après, des membres d'un petit clan d'adolescents
réunis de manière inattendue par leur ancien leader
charismatique.
Voici "Il est passé par
ici…", qui fait bien évidemment référence
au furet malin, en l'occurrence un soi-disant cousin qui, après
30 ans de silence, débarque, flanqué d'une bien
amène auto-stoppeuse, dans la maison de famille d'une
soeur, son frère, et son épouse, et leur cousin
dont il perturbe et pimente les biens calmes vacances estivales.
Véritable cousin en quête de bain de jouvence
nostalgique, voleur de souvenirs ou, pour utiliser une autre
métaphore animalière, pragmatique coucou, l'homme,
empathique et séducteur, sème le trouble autant
qu'il ravive l'évocation des jours heureux de l'enfance.
Marc Fayet signe une comédie particulièrement
réussie en se jouant de la quadrature du cercle. Drôle
et sensible, elle se colore de thriller psychologique, basé
sur le thème récurrent du retour de l'absent et
le levier de l'inquiétante étrangeté, et
distille les indices tout en brouillant régulièrement
les pistes s'aventurant même jusqu'au "Théorème"
pasolinien, ce qui non seulement maintient en éveil l'attention
du spectateur qui se pique au jeu mais aiguise sa curiosité
et active sa sagacité de limier pour dénouer l'intrigue.
D'écriture classique, respectant la règle des
trois unités, elle adopte un découpage cinétique
qui lui confère la belle tonicité empathique des
atmosphères à la Claude Sautet, sur fond de chroniques
de la vie quotidienne.
Pour mette en musique ce délicieux opus, Marc Fayet
fait appel, si l'on peut dire et sans jeu de mot facile, à
la famille, sa famille composée de comédiens et
de metteurs en scène qui se retrouvent dans des configurations
variées et que le public a retrouvé et suivi chaque
saison sans se lasser dans d'autres aventures à succès
telles, entre autres, "Un petit jeu sans conséquence",
"Sans mentir", "Un fil à la patte",
et le précité "Jacques a dit".
La mise en scène de José Paul
est épatante pour mettre en musique avec humour ce concertino
allegro vivace et chaque comédien est bien distribué
dans une typologie de personnages dont l'auteur dépeint
avec humanité les qualités comme les défauts
et qui sont autant de savoureux portraits sur le vif.
Sur scène, tout va comme sur des roulettes avec des
comédiens expérimentés qui se connaissent
par coeur : Stéphane Hillel,
furet malin et séducteur roué, Caroline
Maillard, une bien inhabituelle auto-stoppeuse, Gérard
Loussine, toujours imparable en looser vrai faux crétin
comme Marc Fayet en psychorigide plutôt
grave, qui fonctionnent bien en duo comique façon Auguste-clown
blanc, Marie Piton en vieille fille
névrosée accro aux kleenex et Lysiane
Meis, en épouse démonstrative et pétulante.
Un spectacle donc hautement recommandable pour commencer cette
saison théâtrale sous d'heureux auspices. |