A l’approche du huitième anniversaire de la tragédie, voilà un livre qui tombe à pic (sic) pour raviver côté français la flamme (re-sic) des partisans de la théorie du complot. Il semble en effet que côté Etatsuniens (comme l’auteur se plait à les appeler), les troupes soient plus que jamais rassemblées : architectes, ingénieurs, politiques, militaires, personnalités rejoignent massivement les différents mouvements 9/11 "for the Truth" et placent désormais tous leurs espoirs en Barack Obama, pour une hypothétique réouverture de l’enquête.

Eric Raynaud, "journaliste d’investigation" comme nous le présente la 4ème de couverture, nous promet des Vérités avec un grand V et qui plus est cachées, ce qui est toujours alléchant. Dans les faits, il réalise plutôt une compilation des contradictions, mensonges et évènements plus troublants et déroutants les uns que les autres, mettant à mal la version officielle des évènements.

Le livre se déroule en quatre parties principales : le "crash" controversé du vol AA77 sur le Pentagone occupe d’abord une large part. Déjà mis en doute dès 2002 par le français Thierry Meyssan (dont L’Effroyable imposture avait fait beaucoup parler à l’époque) et plus récemment par Jean-Marie Bigard (victime d’un lynchage médiatique assez hallucinant pour des propos du même ordre), il trouve ici un écho nouveau par le biais de quelques informations passées quasiment inaperçues : l’analyse des boites noires (qui présentent des données incompatibles avec les faits), une interview de Donald Rumsfeld la veille des attentats qui annonce la disparition au Ministère de la défense de 2300 milliards de dollars (une paille), le lapsus du même Rumsfeld, parlant de "missile" sur le Pentagone lors d’une interview, la confiscation très rapide des caméras de surveillance par le FBI, la taille du fameux trou de la façade, l’absence de débris d’avion, etc. Bref, une accumulation de faits, bien référencés, qui laisse un certain malaise.

S’en suit un chapitre détaillé sur la chute de la tour du WTC7 (dont peu de gens se souviennent), abritant des bureaux secrets de la CIA et l’équivalent de notre gendarme de la bourse. La thèse de la démolition contrôlée va bon train, en passant par le décès de témoins majeurs dans la fleur de l’âge et de la petite prime d’assurance à 500 millions de dollars.

On enchaîne avec les tours jumelles et la fameuse théorie du "Pancake" pour expliquer la vitesse de leur chute, contestée par des chimistes, architectes et autres ingénieurs spécialisés dans la fusion de l’acier, le recyclage des débris encore chauds vers l’Asie détruisant du même coup la scène de crime, des modèles de calculs aux conditions aux limites grossières et un gros délit d’initiés sur les options d’achat à la baisse des compagnies aériennes...

Enfin, le rapport de la commission d’enquête subit un démontage en règle, avec pas moins de 115 mensonges ou omissions répertoriés par David Ray Griffin, universitaire renommé américain.

Mais le coup de grâce (et véritable nouveauté dans le dossier) vient de la découverte récente par un scientifique danois reconnu, de traces d’explosifs (nanothermite) dans les échantillons de poussière du World Trade Center…

Résumé de la sorte, ça commence à faire beaucoup et il faut bien reconnaître que le lecteur ressort sonné devant une telle accumulation d’éléments troublants. Difficile pourtant de faire la part des choses et de vérifier l’ensemble des sources (malgré le travail d’annotation), et c’est bien ce qui est un peu dérangeant. On aimerait laisser tout de suite la parole à la Défense et c’est d’ailleurs l’insistante demande des Truthers : une confrontation avec les protagonistes pour enfin obtenir des réponses à toutes ces questions.

Au final, trois théories se détachent : la version officielle que tout le monde connaît, bien sûr, avec des attentats massifs orchestrés par Oussama Ben Laden, la thèse LIHOP (Let It Happen On Purpose), qui privilégie la passivité d’une administration Bush très bien informée afin de mieux imposer par la suite sa politique d’expansion militaire en jouant sur le patriotisme de l’Amérique meurtrie et enfin le MIHOP (Make It Happen On Purpose) avec ce coup-ci une implication directe des autorités de l’Etat.

Dans le fond, rien de bien nouveau par rapport à la foule d’informations déjà relayées via internet mais il faut reconnaître à l’auteur un vrai travail de synthèse (malgré un parti pris parfois un peu dérangeant). A chacun de se faire sa propre opinion avant d’aller fureter sur le web pour essayer d’y voir plus clair…