Spectacle
conçu et mis en scène par David Lescot, avec Scali
Delpeyrat, Marie Dompnier, Piera Formenti, Lenka Luptakova,
Elizabeth Mazev, Cristiano Nocera, Victor Hugo Pontes, Giovanna
Scardoni, Christophe Vandevelde et les musiciens Karine Germaix,
Clément Landais et Virgile Vaugelade.
Auteur, metteur en scène et musicien, David Lescot,
artiste associé au Théâtre de la Ville à
Paris, y présente deux spectacles quasiment frères
dans l'esprit : la reprise de "La Commission Centrale de
l'Enfance", dans laquelle interprète seul une ode
aux colonies de vacances instituées par l'union des juifs
pour la résistance et l'entraide créée
en 1943 et aux valeurs de fraternité et d'espoir qu'elles
véhiculaient, et une création, "L'européenne",
qui se présente comme une fantaisie musicale autour de
la construction de l'Europe.
A partir d'un cas de figure qu'il connaît le mieux, celui
de l'artiste et de la diversité culturelle, qui finalement
remplit largement son office métaphorique pour signifier
les difficultés rencontrées dans tous les domaines,
il s'interroge sur un des préalable à l'édification
d'une Europe tour de Babel née d'un vote - qu'ici une
allemande préposée au dépouillement des
urnes ne cesse de décompter - qu'est le dialogue. Comment
des artistes rassemblés en résidence notamment
pour la création d'un nouvel hymne européen peuvent-ils
s'entendre, s'écouter, se comprendre alors qu'ils ne
parlent pas la même langue ?
Dans cette "européenne", un nom à la
manière de ceux que l'on donnait aux grandes lignes de
chemin de fer comme la transsibérienne, on l'imagine
bien comme un immense serpentin sillonnerait les 23 pays membres
ou aux grandes œuvres symphoniques qui harmonisent ce qui
pourrait être cacophonique, David Lescot épingle
les fonctionnaires dans leur bel et luxueux édifice bruxellois
qui dénote avec la modestie du quartier où il
est implanté, (Marie Dompnier
excellente en technocrate directive et Elisabeth
Mazev pétulante et désopilante en linguiste
conceptuelle) et nourrit un bel espoir dans l'homme.
Dans une mise en scène fluide et enlevée, il
réussit fort bien son pari de spectacle léger
sur un sujet grave basé sur une "harmonie débridée".
C'est gai tout en brassant de belles idées.
Composée de neuf comédiens et trois musiciens,
la troupe enjouée, fraîche et emportée par
un bel élan pour vagabonder sans hiatus du théâtre
à la chanson, s'empare de la scène avec talent
et générosité. On rit beaucoup, on est
ému parfois, on grince des dents quelquefois mais cette
bigarrade emporte tout sur son passage. Et il suffit d'un cavalier
impétueux pour entraîner la fameuse vieille Europe
symbolisée par une vieille dame grabataire sous perfusion. |