Comédie
de Gilles Granouillet, mise en scène de François
Rancillac, avec Linda Chaïb.
Avec "Zoom", Gilles Granouillet opère un focus
sur une vie, l’histoire d’un femme ordinaire, sans
doute unique aussi comme le sont toutes les histoires même
si elle peut paraître représentative de certaines,
qui, un jour, est saisie du besoin de "vider son sac",
de poser ses valises, d’opérer une première
et salutaire catharsis.
Cette femme qui ne se présente que comme "la mère
de Burt" fait irruption dans une salle dédiée
à un conseil de classe dans l'ancienne école de
son fils et, d’une certaine manière, prend en otage
les parents présents pour enfin parler, raconter sa vie,
déverser sa colère, une colère qui a nourrit
son enfance dans un milieu défavorisé, une enfance
placé sous le signe du silence, parce que dans une famille
où on ne parle pas, et dans la colère, une colère
qui ne l’a pas quittée, qui en a fait une écorchée
vive et a obéré sa lucidité face aux réalités
de la vie.
Et la mère de Burt, engrossée par naïveté,
paumée par atavisme, isolée par exclusion, est
devenue victime d’une obsession monomaniaque qui est de
croire que son fils destiné à devenir une star
du cinéma sortirait enfin de l‘engrenage désespéré
dans lequel elle se débat.
Pour porter sur scène cette parole, entre théâtre
naturaliste, théâtre de sentiment et théâtre
de profération, François Rancillac a adopté
une scénographie coup-de-poing en plaçant les
spectateurs dans l’espace scénique, l’espace
de la représentation est celui d’une salle de classes,
et leur imposant le rôle d’acteurs muets et de témoins
qui, dans la salle-scène pleins feux, ne peuvent échapper
au regard de Linda Chaïb, à sa générosité
et à son talent d’incarnation. |