Comédie dramatique de Jean-Claude Idée et Jean
des Cars, mise en scène de Patrice Kerbrat, avec Brigitte
Fossey, Frédérique Tirmont, Christine Guerdon
et Jean-François Chilot.
Toutes les familles ont des secrets et les familles royales
en regorgent d'autant que s'y mêlent la raison d'Etat
et les ambitions prosaïques et intestines des détenteurs
de la couronne. Secrets qui alimentent à foison littérature,
cinéma et théâtre.
Alors quand un auteur, metteur en scène et comédien
belge, Jean-Claude Idée, rencontre un historien, Jean des Cars ,
spécialiste des têtes couronnées et plus
particulièrement de la dynastie des Habsbourg, prennent
la plume de concert, cela donne "La nuit de l'audience ".
A partir des quelques zones d'ombre de l'Histoire, ils imaginent
une rencontre conçue sur le mode du théâtre
de conversation sur fond historique, mettant en présence
des personnages réels ou fictifs que tout oppose, pour
un duel d'idées ou un affrontement de tempéraments,
qui connaît toujours un vif succès public, à
l'instar de "Le souper", "L'entretien de M. Descartes
avec M. Pascal le jeune" et, plus récemment, "L'antichambre".
Cette rencontre, qui intervient entre la sœur du roi des
Belges Léopold II, veuve de Maximilien d'Autriche, ex-empereur
fugace du Mexique, et la veuve du prince de Salm Salm qui fut
l'aide de camp de ce dernier, ferait les délices d’un
auteur de roman de cape et d’épée, bien
que se déroulant au début du 20ème siècle.
En effet, elle se nourrit de tous les ingrédients d'une
vraie tragédie romanesque avec amours contrariés,
morts violentes, folie et rapt d'enfant entre une impératrice
déchue assignée à résidence, formule
diplomatique pour signifier un internement officieux, en raison
d’une psychose à tendance paranoïaque, et
une aventurière à la vie rocambolesque dont les
destins se croisent en feu d'artifice sur fond de guerres et
de folklore mariachi sous les stucs néogothiques d'un
château fort flamand.
L'intrigue est traitée de manière alerte et colorée
ce qui donne deux belles partitions pour comédiennes
qui peuvent naviguer entre suspense, émotion, face-à-face
musclé entre la vieille Europe compassée et l'impertinent
Nouveau Monde et fantaisie. Sous la direction de Patrice Kerbrat
qui assure une mise en scène au cordeau, Brigitte Fossey
et Frédérique Tirmont sont parfaites.
Entourées de Christine Guerdon
et Jean-François Chilot, respectivement
camériste et médecin, qui se posent en intermèdes,
Brigitte Fossey, toujours exquise et policée, prend un
plaisir évident à camper une baroudeuse à
la "Viva Maria" et Frédérique Tirmont
donne des accents pirandelliens à la peut-être
vraie fausse reine folle. Le duo fonctionne avec talent en bonne
intelligence et le spectacle est divertissant. |