Il est parfois des challenges qui tiennent de l’utopie : ouvrir et fermer une porte plus de 40000 fois en 24 heures, s'abstenir de tout flirt pendant quarante jours et quarante nuits quand on est jeune et gossbo, manger son poids en pizza…
Los Chicros, eux, ont choisi un pari d’une toute autre trempe : concevoir leur nouvel album comme un zapping radio, en passant par plusieurs genres musicaux ; quelques intermèdes étant présents pour démontrer qu’on est bien en train de faire tourner la molette de notre bon vieux radio-cassette Tamashi. Je me permets cette incartade 80’s lo-fi car la majorité des titres ont été enregistrés chez les Chicros eux-mêmes, sur un magnétophone 4 pistes. On s’éloigne donc de la prod de leur précédent opus Sour Sick Soul, réalisé dans des "vrais" studios par un acolyte de Air. Mais Radiotransmission reste chiadé tout en conservant une couleur perso emplie de bidouilles et de synthés pseudos analogiques en tous genres. Rappelons que Los Chicros ne viennent pas des bas-fonds de la péninsule du Yucatan mais bel et bien de la mafia indé Versaillo-parisienne (Syd Matters, Housses de Racket, My girlfriend is better than yours, Turzi…).
Le disque comporte donc une foultitude de titres hétéroclites (enchaînés grâce à quelques jingles comme ceux de Radio Depressed ou Radio Jesus…) ; aussi, il est difficile de retenir un morceau plus qu’un autre. Le très doo-wop "Why", présenté par le faux animateur radio Johnny Rocket, semble directement sorti du répertoire des Everly brothers ; "Straight A’s" est une reprise cheap des Dead Kennedy’s ; "If you leave me, leave me running" est carrément floydien-ummagumesque ; "Whithout you" est une sucrerie poppy en duo avec Brisa Roché…
Mais les Chicros excellent surtout dans les compositions pop-mélancolico-sunshine, comme leurs tubes sortis il y a plus de 2 ans maintenant : "Back in the wild" ou "Diskonoise". Dans le même esprit, on a maintenant droit aux chaudes harmonies vocales de "What’new today on tv", qui avait déjà bien fonctionné en EP, ou au lancinant et mélodieux "New-Orleans" qui semble bâti pour être entendu sur les vraies radios…
Ah oui, au fait, précision importante : quand on parle ici de zapping radio, il s’agit du zapping idéal fait avec les goûts et les humeurs des Chicros, donc tout de même très pop. Quel dommage donc de ne pas y trouver de la musique tyrolienne ou un remix de Lou Bega…
Néanmoins, je vais de surprises en surprises et me dis que ce groupe aurait mieux fait d’être ricain pour davantage tourner dans le monde entier. En tout cas, ils sont bel et bien de dignes représentants de la pop indé française (chantant en Anglais). |