Texte
de Philippe Ducros, mise en scène de Guy Delamotte, avec
Patrick Azam, Véro Dahuron, Christine Guénon,
Michel Quidu, Martine Schambacher, Alex Selmane et Timo Torikka.
Le Panta-Théâtre;âtre
implanté à Caen, qui s'est conçu comme
une équipe de recherches et de création théâtrale
et un centre de ressources des écritures contemporaines,
avait présenté au Théâtre du Chaudron
en 2007 "Blast", un spectacle
fort au plan tant théâtral que politique à
partir d'interviews et de reportages sur les victimes d'événements
traumatisants du 20ème siècle.
Il vient aujourd'hui au Tarmac de La Villette avec sa dernière
création, "L'affiche",
qui s'inscrit dans un long travail de réflexion et de
laboratoire sur le conflit israélo-palestinien, avec
un texte dramaturgique de Philippe Ducros
qui fait exploser toutes les certitudes en s'ancrant dans la
réalité quotidienne d'un pays sous occupation
et dont les deux camps opposés ont fait de Dieu "le
vendeur bon marché de leur guerre" et de la martyrisation
une redoutable offensive.
Une sommaire table de négociation sur laquelle sont
posés les drapeaux d'Israël, de la Palestine, des
Etats Unis et de l'Europe et, en fond de scène, un mur,
à la fois mur des Lamentations et mur de la "clôture
de sécurité" construite en Cisjordanie par
Israël, symbolise l'impasse dans laquelle ce conflit déjà
sédimenté dans l'Histoire demeure toujours d'une
effrayante actualité comme s'il ne devait jamais connaître
de fin.
Un texte pour le théâtre qui convoque des personnages
anonymes saisis dans la réalité quotidienne de
la violence, du déchirement, de la douleur, de l'espoir
vivace même si toujours déçu et de leur
sentiment parfois défiguré par un quotidien plombé
par des années de guerre et de terrorisme qui ne laisse
pas de répit aux hommes pour tenter de se reconstruire
sur "une terre aux rites de sang qui se laboure aux explosifs"
comme l'écrit Philippe Ducros, "une terre qui dévore
ses enfants" comme l'écrit le metteur en scène
Guy Delamotte, co-fondateur du Panta-Théâtre,
qui s'est nourri d'un voyage en Israël et dans les Territoires
Palestiniens.
Sans moyens pharaoniques, restant au plus proche de l'humain,
Guy Delamotte a monté ce texte de manière extrêmement
percutante, avec des acteurs dont l'implication et l'incarnation
scéniques sont entières, dans une démarche
volontairement profératoire inscrite dans l'essence du
théâtre d'action espérant que la fiction
théâtrale fasse "son travail de démolition,
face à l'actualité immédiate".
Le pari est ambitieux mais réussi et à l'issue
de la représentation le spectateur partagera sans aucun
doute la conclusion des notes de travail de ce dernier : "Peut-être
n'y a t-il pas de territoire à conquérir mais
juste un chemin à parcourir". |