Conte écrit par Fabrice Melquiot, mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota, avec Cyril Anrep, Charles-Roger Bour, Céline Carrère, Ana Das Chagas, Valérie Dashwood, Philippe Demarle, Sandra Faure, Olivier Leborgne, Gérald Maillet et Pierre Niney.

Fabrice Melquiot, auteur contemporain prolifique dont les textes sont régulièrement à l'affiche, écrit également pour le jeune public et présente au site des Abbesses, dont il est "auteur associé" et sur l'invitation de son ami et complice de longue route, Emmanuel Demarcy-Mota, qui est depuis septembre 2007 en charge du Théâtre de la Ville, un nouvel épisode des aventures de Bouli Miro, le bien nommé, un petit garçon gros et myope, personnage factotum créé pour les enfants.

Dans ce troisième opus, intitulé "Wanted Petula", avoir mangé du canard vivant qui l'a transformé en schtroumpf, le beau père de Bouli, Jo Moudugenou ancien lanceur de javelot, procède à la mise en orbite du héros projeté dans l'espace à la recherche de sa bien-aimée cousine, prénommée Petula Clark, qui s'est délitée après avoir beaucoup maigri.

Voilà succinctement le début de l'intrigue échevelée qui s'apparente au conte mais un conte contemporain avec ses ancrages dans la vie réelle - Bouli Miro fait partie de ces enfants de familles recomposées dont les parents immatures privilégient la voie de leur épanouissement personnel - tout en invoquant des personnages d'"extraterrestres" qui ont marqué l'imaginaire collectif tel le Petit Prince de Saint Exupéry, ici représenté sous forme d'un automate en costume Louis XV mais toujours monomaniaque des caprinés ou Neil Armstrong, le premier homme qui a foulé le sol lunaire, tout argenté qui fait penser à l'homme de fer du Magicien d'Oz.

Un conte donc mais dont la construction oscille toujours entre deux registres, celui du réel et de l'imaginaire, deux formes, le récitatif et le dialogue, deux tons, le réalisme et l'humour, un humour grinçant et même burlesque, qui permettent d'évoquer les thématiques graves auxquelles les enfants se trouvent confrontées.

Avec une apparente scénographie simple de Michel Bruguière, qui joue beaucoup sur les belles lumières indirectes créées par Yves Collet et repose sur un dispositif scénique bifrontal dans lequel évoluent les excellents comédiens du Collectif artistique de la Comédie de Reims, Emmanuel Demarcy-Mota a opté pour une mise en scène pleine de fantaisie.

Mêlant inventivité et poésie, cette dernière ne laisse cependant pas de doute sur le cœur de cible qu'est le jeune public et les codes de jeu, sans être tout à fait alignés sur ceux du théâtre pour adultes, s'en rapprochent grandement, se distinguant ainsi des spectacles pour enfants souvent relégués au rang de spectacle de patronage un brin lénifiant, ce qui leur insuffle incontestablement une bienvenue cure de jouvence.