Comédie musicale de Michel Heim, mise en scène et en chorégraphie par Michel Heim et Nadine Féty, avec Laury André, Vincent Baillet, Philippe Bernard, Christophe Camuset, Jérôme Cuvilliez, Grégory Damiens, Jean-François Dewulf, Arnaud Dugué, Francois Dussillol-Godar, Marc Frémondière, Laurent Giordanengo, Alexis Haouedeg, Michel Heim, Franck Isoart, Laurent Lapeyre, Bruno Leroy, Fabrice Meillier, Michel Petit, Miko, Yann Philipp, Laurent Plessi, Thierry Quessada, Jacques Rosé et Xavier Sibuet.
Après s'être attaqué, entre autres, à Rameau ("Les dindes galantes"), à Tchekhov ("Tante Olga"), à Shakespeare ("La nuit des Reines") et même à Charles Perrault ("La Bête au bois dormant"), Michel Heim, roi de la parodie et grand manitou du pastiche musical, s'en prend à Puccini.
En effet, sous le titre francisé "Madame Mouchabeurre" la célèbre "Madame Butterfly" devient une comédie musicale avec happy end habilement remaniée, conçue spécialement pour la fameuse Compagnie Les Caramels fous, troupe gay composée exclusivement d'artistes amateurs, qui enchaîne succès après succès depuis 1984.
Inutile de s'apesantir sur l'intrigue, le mélodrame de la jeune femme séduite et abandonnée, ici largement revisité et contextualisé qui se déroule en plusieurs époques avec les clichés des années 50 aux années 80 sur toile de fond d'impérialisme américain. Même s'ils ont en ligne de mire la tolérance, la joie de vivre est primordiale, même si ce n'est pas tous les jours qu'on rigole, car les spectacles des Caramels fous sont aussi et avant tout des divertissements loufoques et drolissimes.
Avec son incroyable talent pour revisiter, comme il le dit "à la sauce caramel" les tubes de tous les registres musicaux, des classiques à la variété en passant par la chanson réaliste et les standards américains, Michel Heim, qui a une grande culture musicale, signe là une de ses comédies musicales les plus réussies au plan formel tant par le fil narratif, la belle galerie de personnages principaux que par l'enchaînement judicieux, et au taquet, des différents couplets qui collent totalement à l'histoire et dont la parodie n'est jamais irrévérencieuse au regard du texte original.
Quant aux Caramels fous, mis au parfum beurre salé et arrosés de chouchen, ils sont comme le bon vin, ils se bonifient avec les années, et leur prestation sur scène sous la direction vocale de Nicolas Kern et la direction chorégraphique de Nadine Féty est époustouflante.
Les scènes s'enchaînent à un rythme trépidant et qu'il s'agisse de scènes chorales de music hall, telle les marins de la Navy, ou de duos chantés comme "Le port d'Amsterdam" devenu "Le port de Paimpol" avec les belles voix de Laurent Plessi et Laurent Giordanengo, de vrais talents comme Laury André en bonne du curé façon Bécassine et Thierry Quessada successivement le commandant genre Errol Flynn puis son rejeton rappeur et des compositions savoureuses tel Franck Isoart en vedette glamour, tous concourent à la réussite incontestable de ce spectacle qui bénéficie d'une vraie fraîcheur et générosité d'interprétation et d'un haut niveau technique.
Bien évidemment, indispensable et à ne pas rater quand cette folle troupe passera près de chez vous ce qui ne manquera pas d'arriver. Et, en attendant, c'est au Trianon que cela se passe jusqu'au 21 novembre 2009 !