Si Ignore the Ignorant sera sans doute ignoré par la majorité de ceux qui n'était pas encore nés au début des années 80 et qui écoutaient encore Henri Dès au début des 90, il tombera forcément dans l'oreille de tout vieux fan de Johnny Marr, guitare héros s'il en est, au fait d'arme quasi unique autant que mythique puisqu'il fut le guitariste des Smiths. Pas de la merde quand même. Car en effet Monsieur Marr est venu prêter main fort aux frangins Jarman, à la tête de The Cribs.
Effet marketing certain évidemment mais pas seulement tant les compositions et la productions reflètent une certaine Marr's touch.
Alors on écoute de bonne grâce ce disque avec une oreille curieuse et inquisitrice. On cherche, et on trouve ce son déjà entendu chez les Smiths ("We share the same skies"), on remarque ce son de guitares amples et sans contrainte apparente. Enfin, on se dit que, quand même, Marr aurait mérité mieux que sa carrière en demi-teinte, cachée derrière des collaborations inégales, de The The à Electronic, des Healers aux Cribs.
Pour être totalement honnête, si la collaboration en elle-même est de qualité, c'est tout le groupe qui est autour qui parait un peu léger pour assumer un mythe.
Et ce qui est le plus emmerdant au final, c'est d'avoir l'impression de subir le disque, sans qu'un titre ne se détache vraiment, sans que les mélodies ne s'impriment dans notre cerveau plus longtemps que ne dure la chanson. On dirait que les frangins veulent trop bien faire en s'appliquant à jouer cette pop qui a enchanté la premiere moitié des années 90, offrant un mélange de Cast et de Frank and Walters, dans l'absolu pas mal foutu mais qui n'arrive pas a se frayer un chemin entre nos oreilles et nos avant-bras. Et l'absence de ce frisson que l'on aurait aimé avoir à l'écoute de ce disque est frustrant et surtout décevant.
Pourtant, la pop joyeuse et énergique de The Cribs est honorable, certains titres sont même suffisamment intéressants pour insister un peu, et puis il y a Johnny Marr, comment pourrait-il jouer dans un groupe de seconde zone ?
Mais la vraie question au final reste : pourquoi le fait-il ? Ou alors pourquoi avons-nous tant changé ? |