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puce La ballade de Julie S.
Charlotte Mildray  (Autoproduit)  mars 2009

On a souvent dit qu’un soin apporté à "l’objet disque" pouvait contribuer, en offrant une valeur ajoutée aux albums, à ralentir la crise actuelle, et empêcher la disparition de ce médium. Bonne idée qui, dans les faits, n’a guère été suivie : la plupart du temps, les labels se sont contentés d’ajouter du bonus promotionnel au CD (vidéo "making of" ou lien OpenDisc) ; mais l’aspect artistique de la démarche (faire du boîtier autre chose qu’un truc fonctionnel) est passé à l’as.

Cette notion de "bel objet", quelques artistes parviennent tout de même à l’utiliser intelligemment : non en terme de marketing, mais comme moyen de nourrir leur création. Réunissant des disciplines voisines (chanson et littérature), le livre-disque pourrait ainsi être une troisième voie idéale : plus qu’une simple base d’informations (crédits, paroles), le livret offrirait un prolongement intéressant à l’œuvre enregistrée.

Evidemment, ce type d’initiative n’a d’intérêt que si les chansons sont bonnes… et l’on ne saurait cautionner n’importe quel album au prétexte d’une présentation un peu plus soignée que la moyenne.

C’est pour cette raison qu’il faut saluer ce disque qui nous tient à cœur, baptisé Charlotte Midray : non content de proposer des chansons épatantes, La Ballade de Julie S (et son auteur principale, Julie Rey) développe aussi tout un univers textuel et visuel, offrant une suite littéraire à la rêverie suscitée par la musique. A moins que ce ne soit l’inverse (le texte qui donne envie d’écouter les morceaux) ? On ne sait plus, et c’est cet entre-deux qui fait la beauté du projet.

Concrètement, Charlotte Mildray propose une grosse demi-douzaine de chansons, entrecoupées de quatre parties lues. Cerise sur le gâteau, une septième plage musicale vient conclure l’ensemble, faisant se rejoindre le chanté et le parlé, pour un exercice d’improvisation sur le fil. En dépit de ce tracklisting inhabituel (seulement 6 morceaux de format classique), le timing est bien rempli… et le disque atteint au final presque une heure d’écoute !

Sur le plan thématique, les chansons et leur accompagnement livresque esquissent une trame : l’histoire d’une femme larguant les amarres et partant rejoindre des contrées inconnues, poursuivant un rêve d’horizon à la recherche d’elle-même.

Dieu merci, tout cela nous est suggéré plutôt qu’asséné : il n’est pas question ici de comédie musicale ou d’album-concept (ce principe fumeux hérité des années 70), mais bien d’évocation ; petites touches, qui remises en ordre selon l’imagination de l’auditeur-lecteur, composeront (ou pas) une histoire, un personnage, une ambiance…

Les titres chantés évoluent dans une veine folk-rock assez grave, où l’on croit d’abord deviner l’influence de Dominique A : dans la manière, parfois, de lancer fièrement la voix ; certaines structures répétitives allant crescendo ; et puis les thèmes (fuite en avant, grands espaces), traités dans une veine anti-naturaliste et légèrement onirique. Pour donner quelques repères : ce disque constituerait un croisement rêvé entre les atmosphères boisées de L’Horizon et le spleen électrique d’Auguri.

Mais cette comparaison ne dure qu’un temps : la voix et l’écriture de la jeune femme sont assez singulières pour s’affranchir de cette filiation première. Julie Rey propose une déclinaison plus discrète et subtile de cet onirisme, qui chez le grand Ané finissait parfois par nous pomper l’air. Elle s’éloigne aussi de la noirceur un peu forcée de son aîné : malgré l’âpreté du thème (fuite, recherche de soi), son expression conserve une certaine douceur, évite tout pompiérisme. Elle ménage aussi des moments "contemplatifs", sans être trop descriptive ni terre-à-terre.

Les six chansons sont de belle tenue, drapées d’orchestrations soignées, oscillant entre richesse ornementale ("Les rues parlent de toi") et minimalisme de bon aloi ("L’étreinte", "Bille en tête", enregistré "dans la nature", dit-elle). Les lecteurs des interludes s’expriment avec naturel et simplicité, pour contraster avec la solennité des chansons, ne pas risquer de plomber l’ensemble. Julie Rey se charge elle-même de faire la "narratrice" : on aime le contraste entre ses voix, parlée et chantée, légère ou grave.

L’équipe musicale de La Ballade de Julie S s’articule autour du guitariste David Elvira et de Julie Rey elle-même au piano et à la guitare. Quelques cordes et bois ajoutent de leur chaleur à l’ensemble, ainsi que certains artistes venus en amis, parmi lesquels on reconnaît l’écrivain-parolier Arnaud Cathrine (lui-même auteur d’un livre-disque avec Florent Marchet) et l’excellent Bastien Lallemant, sur le duo "Il se peut qu’on prenne la mer".

Le dernier morceau, on l’a dit, est un peu particulier : il s’agit d’une improvisation proche du slam, effectuée avec deux invités, Sidi M et Daniel Scaliet. Retenant douze minutes sur deux heures d’enregistrement, les scansions énervées des larrons s’y mêlent aux chorus de notre chanteuse-écrivain, pour une divagation autour du thème de la fuite. Dans le lot, c’est le propre de toute impro, on trouve à boire ou à manger (et quelques baisses passagères de régime)… mais au final, l’expérience s’avère suffisamment forte pour emporter notre adhésion.

Outre les paroles des chansons, le livret grand format comporte aussi le Carnet de Voyage de Charlotte Mildray : une série de textes, entre journal intime et prose poétique, avec photos et dessins à l’appui, plus une belle citation (éclairante) de Supervielle. On y trouve également le chant intégral improvisé par Julie Rey au cours des deux heures d’expérimentation mentionnées plus haut.

Conclusion : on passe un beau moment avec cet album, dont les ambiances et les mélodies ne sont pas prêtes de nous lâcher, non plus que certains refrains mémorables ("Il se peut qu’on prenne la mer/il se peut qu’on prenne l’horizon… Avec toi qui joueras de la tempête et moi qui ferai l’ouragan", entre autres).

On est heureux qu’une jeune artiste réussisse à conjuguer aussi intelligemment le fond et la forme. Ravi, aussi, d’apprendre que les aventures de Julie Rey ne s’arrêteront pas là (cf interview) : outre La Ballade de Julie S en concert, certains de ses textes ont d’ores et déjà été publiés en revue… et un nouveau projet est en cours de préparation, en compagnie d’Arnaud Cathrine.

 

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La chronique de l'album Il n'y a pas de cœur étanche de Julie Rey & Arnaud Cathrine
La chronique de l'album Le Courage de Julie Rey & Adrien Desse
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En savoir plus :
Le Myspace de La ballade de Julie S
Le site officiel de Julie Rey


Nicolas Brulebois         
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La Ballade de Julie S. (17 octobre 2009)


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
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