Je me souviens que la toute première fois que j'ai écouté Psychocandy, en vinyle à l'époque, j'ai cru quelques instants que la tête de lecture avait un problème. Bruit blanc, guitares saturées... Ça surprend. Et puis on ne peut plus s'en passer. On enchaine alors les My Bloody Valentine, devenus cultes, Slowdive, la face mélodique du shoegazing, Drop Nineteen et bien d'autres encore qui mériteraient bien un dossier spécial pour services rendus à la musique d'aujourd'hui. Enfin, si on peut parler de rendre service quand on considère que la mode d'aujourd'hui est plus à singer les "vieux" qu'à apporter un renouveau musical radical. Mais il y a du bon à cela lorsque le genre est transcendé par une innovante et raffraichissante jeunesse.
Gliss est donc un de ces groupes "rétro-compatibles". Venus de Los Angeles, les jeunes gens proposent un noisy rock mélodique plutôt bien foutu mêlant les influences évidentes du shoegazing anglais à la Slowdive, avec un brin de Teenage fanclub pour les mélodies et une rythmique parfois empruntée au blues de leur racine. On parle parfois de My Bloody Valentine à leur sujet mais pour être honnête, c'est essentiellement un effet de manche marketing.
Mais on n'y perd pas au chance et la noisy pop maligne de Gliss a de quoi ravir. La voix d'abord, juvénile et lascive avec quelques petits effets emo de temps en temps, rappelant parfois les Black Rebel Motorcycle Club (période noisy) ou encore les Raveonettes. La musique a aussi de quoi séduire par sa pop acidulée, faux poison mais plutôt addictif. Entre deux eaux, presque langoureuses ("Sleep"), elles savent parfois prendre du volume et taper sur le tempo au-dessus offrant un joli mur du son ("Anybody inside"), mais encore une fois à rapprocher, s'il fallait le faire, des Warlocks plutôt que de MBV, la puissance en moins, la mélodie en plus.
On retrouve sans tarder toutes ces influences sur le titre d'introduction "Morning Light". L'ouverture grinçante rappelle les Jesus and Mary Chain tandis que la mélodie planante nous ramène à Slowdive. "29 acts of love" et son gimmick electro accompagné de "houhouhou" pourrait être le tube du disque même si en fait c'est le morceau le moins cohérent du
disque.
Devotion Implosion est un disque revival parmi d'autres et n'entrera pas dans la grande histoire du rock mais est de qualité plus qu'honorable, non seulement pour les fans de shoegaze mais aussi pour ceux qui restent sensibles aux mélodies derrière ces guitares plaintives. Gliss fera sans doute partie de ces groupes dont nous serons heureux d'avoir eu le premier album, à ranger du côté de Serenah Manesh par exemple. |