Pièce
de Carlo Goldoni, mise en scène de Frédéric
Tokarz avec Cendrine Orcier, Jean-Michel Canonne, Patrick Mille,
Frédéric Tokarz, Fabien Orcier, Frédérique
Farina, Julia Maraval et Franck Bussi.
Corallina, dirige habilement, au mieux de ses intérêts,
la maison d’un maître vieux, veuf, colérique,
libidineux mais crédule, pour se constituer une jolie petite
dot afin de convoler avec le jeune et beau Florindo.
Trompée par ce dernier qui la ménage pour parvenir
à approcher et épouser la jeune fille de la famille,
elle entre dans une fureur noire et emploie tous les stratagèmes
pour faire avorter ce mariage.
Deux heures durant, dans un tourbillon de scènes menées
tambour battant, Goldoni nous dresse un portrait sans concession
de la femme humiliée et machiavélique. Il inventorie
toutes les roueries dont elle est capable et les personnages, hauts
en couleur, qui rendent la farce attrayante, paraissent néanmoins
bien falots à ses côtés.
Bien évidemment, le spectateur est au fait de l’intrigue
dès les premières scènes et pourtant il se
pique volontiers au jeu de ces variations virevoltantes.
Comme tous les servantes et valets, Corallina n’a pas la
langue dans sa poche. Dotée d’une forte personnalité,
elle prend et garde l’ascendant, voire même le pouvoir,
grâce à la parole. Cette habileté la mène
à sa perte dès qu’elle quitte les sentiers de
la simple duplicité pour se tourner vers la méchanceté
aveugle, qui la conduirait jusqu’au meurtre, et qui lui fait
perdre toute raison. Et pourtant, même si elle voit ses chances
s’amenuiser, elle ira jusqu’au bout.
Cela étant, le théâtre de Goldoni reste extrêmement
moral et conservateur. En effet, la vertu triomphe malgré
tous les stratagèmes du vice et les petites gens n’épousent
pas leurs maîtres.
Ce personnage hors du commun donne l’occasion à Cendrine
Orcier de naviguer, avec une grande aisance, dans tous les registres
et d’investir la scène avec brio
Le spectacle a fait l’objet d’une deuxième
reprise au Théâtre Antoine. Ne le ratez pas si une
troisième opportunité se présente !
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