Spectacle
visuel acrit, mis en scène et interprété
par Antoine Guiraud et Kamel Isker.
Deux chaises, deux galurins, deux vestes sans forme, deux balais.
Voici les seuls accessoires avec lesquels les deux clowns, Kmel
et Toine, vont emmener le spectateur à travers un long
voyage en mime.
Les personnages, compagnons de galère dans la rue, vont
s'imaginer la vie remplie de rêves et d'aventures que
le quotidien sur le bitume de la ville ne leur offre pas. Ils
deviendront tour à tour boxeurs ou tennismen, voyageront
dans le désert après avoir perdu une aile de leur
avion.
Ce spectacle ne raconte pas une histoire au sens courant du
terme. Le mime ne permet pas une narration fortement construite,
et le spectateur doit donc accepter de se faire balader dans
le monde onirique, fortement teinté de burlesque, de
ses hôtes le temps d'une soirée.
Les comédiens, Antoine Guiraud et Kamel Isker, maîtrisent
parfaitement l'art du mime et jouent avec sincérité,
ce qui leur permet de tisser un univers décalé,
non dénué d'intelligence et d'émotions,
dans lequel le spectateur est le bienvenu, à condition
d'accepter d'y rentrer.
La musique qui soutient les différentes saynètes
amène souvent un surplus de poésie, mais manque
de discrétion à l'occasion de certaines scènes.
On peut aussi regretter que dans un spectacle qui s'appelle
"Les loupiotes de la ville", le jeu de lumières soit aussi
succin et ne soit pas plus intégré à la
narration.
De manière inattendue, les vestes et les chapeaux rappellent
Vladimir et Estragon. Cependant on est ici dans une "narration"
totalement différente de celle de Beckett, puisqu'elle
est uniquement centrée sur des actions. Mais puisque
les mimes déroulent une succession d'actions qui ne sont
pas rattachées les unes aux autres, et qu'à la
fin du spectacle leur situation de départ n'a pas changé,
on peut imaginer une influence de Beckett pour l'écriture
de ce spectacle. |