Avec l'automne est sorti The Big Machine, le dernier album d'Emilie Simon. Révolution personnelle et changement de cap en vue pour la demoiselle qui délaisse quelque peu l'électro pour prendre un virage que l'on peut qualifier de pop. Véritable orfèvre de la musique électronique made in France, Emilie Simon a souhaité se détacher de ses automatismes et de son univers björkien pour lorgner du côté de Kate Bush.
Vous noterez le paradoxe du titre de l'album à l'heure de ce virage. Composé initialement au piano pour la spontanéité de l'instrument, The Big Machine résulte, selon les dires de son auteur, d'un réel souci de changer les règles du jeu. L'occasion de casser les repères et la routine, de se mettre en danger en quelque sorte. Désireuse d'ouvrir ce nouvel univers à d'autres, Émilie Simon profite dès lors de son installation à New-York pour revoir son processus de création et de s'entourer de musiciens adhérant au projet. Autre changement, celui du choix de l'anglais comme vecteur de communication. Exceptés sur "Fools like us" et "Ballad of the big machine" mêlant les langues de Molière et de Shakespeare, Emilie Simon délaisse sa langue natale pour les dix autres titres.
Vous l'aurez compris, quitte à changer la déco autant le faire jusqu'au bout. Emilie Simon ne se limite donc pas à déplacer quelques meubles et à ajouter quelques touches de couleur par-ci par-là. On a affaire ici à un véritable ravalement de façade musical. Pour quel résultat me direz-vous ? J'y viens...
Ce qui est (trop ?) frappant à la première écoute, c'est la filiation avec Kate Bush. Le chant d'Emilie Simon se rapproche (volontairement ou inconsciemment) de celui de la Britannique. Ce trait majeur de ce nouvel album pourra en agacer plus d'un. Il est vrai que la voix peut faire tiquer. La Montpelliéraine est une très bonne chanteuse, nul doute sur ce point, mais on regrettera le côté maniéré du chant sur la majorité des morceaux. Emilie Simon semble dès lors avoir perdu en simplicité et on regrettera la féérie vocale des premiers albums.
Quid du versant musical de l'album ? Le disque s'appuie sur une solide base rythmique (basse et batterie) à laquelle viennent se greffer piano et autres claviers ainsi que des arrangements de cuivres mis en forme par Kelly Pratt (croisé aux côtés d'Arcade Fire et de Beirut). L'ensemble sonne très années 80 avec les qualités et défauts de cette époque. Le côté pop est indéniable mais parfois c'est un peu trop... On retiendra quelques perles musicales comme "Rainbow", magistrale ouverture de l'album, le franglais "The Devil at my door", le groovy "Rocket to the moon" ainsi que la relative simplicité de "Ballad of the big machine".
Une page se tourne et c'est assumé. Emilie Simon risque de déstabiliser les fidèles de la première heure mais saura sans nul doute fédérer un nouveau public. Me concernant, mon avis est bel et bien contrasté. The Big Machine est dans l'ensemble un bon album (très bon diront certains) mais à mon goût assez inégal. J'adhère à une partie mais zappe facilement le reste. Mitigé plus que déçu donc.
A vous de juger ! |